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L'histoire des Harkis par Maurice Faivre

27/11/2018

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Maurice Faivre
​

​Etudes
  • Baccalauréat Série A (Latin-Grec) et Mathématiques élémentaires. Belfort, Besançon.
  • Ecole Spéciale Militaire de St Cyr-Coetquidan (1947-49). Sorti Major de promotion
  • Ecole d’application de l’Arme blindée-Cavalerie, Saumur (1949-50 et 1958)
  • Ecole supérieure de Guerre, Paris (1964-66)
  • DEA de Politique de Défense, Strasbourg, 1980-81
  • Doctorat de sciences politiques, Sorbonne 1986, mention très honorable

Carrière militaire
  • Officier subalterne : 2ème REC, Oujda - 8ème RH, Epernay et Constantine
  • Secteur Constantine. Transfert des bidonvilles. S/quartier du Khroubs, action sociale Guettar-el-Aich. Katiba décelée le 2 octobre 1957 à djebel Ouasch.
  • 7ème RCA, Friedrichshafen - 20ème RD, Kerrata - 5 ans en Algérie (1955-57 et 1960-62)
  • 5° Escadron et 80 harkis dans Babor, 3 autodéfenses et 3 écoles, ralliements octobre 1960, EMSI
  • Cité par JC Jauffret dans « ces officiers qui ont dit non… ». Egalité des droits des Algériens.
  • 2ème Bureau du Cdt supérieur à Reghaia en 1962
  • Officier supérieur : EMA/ Renseignement et EMAT/Cabinet, Paris
  • Commandant en second 1er RHP, Tarbes - Chef de corps 13ème RDP, Dieuze
  • Chef de 2ème Bureau (2ème CA Baden et 1ère Armée Strasbourg)
  • Liaisons Cdts en chef soviétique, américain et britannique( Wunsdorf, Heidelberg, Brunssum)
  • Congé spécial pour études universitaires (1981-83).
  • Promu Général de Brigade (2ème Section) le 19 mars 1983
  • Décorations :
    • Croix de la Valeur militaire (1957).
    • Officier Mérite national
    • Officier Légion d’Honneur (1990)
  • A servi sous les chefs suivants :
    • colonels de Chazelles, Marzloff, Ardant, de Pimodan, Butler, Etcheverry, Combette, Boissau
    • généraux Hublot, Valentin, Mathon, A. de Boissieu, Richard, Roidot, Vanbremersch , Biré, M. Schmitt, Sourieau.
L’opération du 2 octobre 1957 est le seul combat dans lequel j’ai été engagé. Mon deuxième séjour en Algérie sera consacré à la pacification en Kabylie des Babors, et au commandement d’appelés français et musulmans, de harkis et d’autodéfenses.

Guerres mondiales et conflits contemporains 2001/2 (n° 202-203) Pages : 280 ISBN : 9782130527213 DOI : 10.3917/gmcc.202.0055 Éditeur : Presses Universitaires de France


​L’histoire des harkis a fait l’objet de nombreux ouvrages, articles et mémoires universitaires, pas toujours bien informés, et de témoignages partiels et souvent partiaux.
Avec l’ouverture des archives en 1992, et surtout les dérogations obtenues pour des archives non ouvertes (comité des Affaires algériennes, documents des Affaires étrangères, du Centre de coordination interarmées, et du cabinet Messmer), on peut maintenant proposer un historique objectif [1][1]  Les articles sur « le drame des harkis », de Guy Pervillé..., que je me propose de résumer en trois parties :
1 / les harkis dans la guerre ;
2 / l’abandon, le massacre et le rapatriement sélectif ;
3 / les politiques d’insertion de 1962 à 1999.

2
Il convient en introduction de rappeler que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de harkis toutes les autres catégories de supplétifs de la guerre d’Algérie :
moghaznis, Groupes mobiles de sécurité (GMS), Groupes d’autodéfense (GAD), à l’exclusion des appelés et des militaires sous contrat.

I. LES HARKIS DANS LA GUERRE

3
Quand éclate le soulèvement du 1er novembre 1954, la plupart des unités nord-africaines se trouvent encore en Indochine, et le recours aux supplétifs est proposé dès novembre par le préfet de Constantine et par M. Vaujour, directeur de la Sûreté générale. F. Mitterrand, ministre de l’Intérieur, signe en janvier 1955 l’Instruction de création de 30 goums de 100 hommes :
ce sont les Groupes mobiles de protection rurale (GMPR), qui deviendront ensuite GMS. Il y aura 114 GMS en 1962 (6T 7775, 1H 2029).

4
Le 5 septembre 1955, le gouverneur J. Soustelle crée les Sections administratives spécialisées (SAS), chargées d’encadrer les zones rurales. Protégées par un maghzen de 25 à 50 moghaznis, 700 SAS seront créées et complétées par 30 Sections urbaines (SAU).
Elles contribueront à l’armement de 2 000 villages en autodéfense (1H 1207, 1209, 2456).

5
C’est le 8 février 1956 que le général Lorillot prescrit de former des harkas dans chaque quartier d’Algérie, à l’imitation de ce qui a été fait par le général Parlange dans l’Aurès et par le bachaga Boualem dans les Beni Boudouane.
La montée en puissance des harkas est relativement lente en 1956-1957, en raison de l’action du FLN qui s’impose dans les villages par la propagande et la terreur (6T 7775, 1H 2028).
Les succès militaires de 1958 permettent d’augmenter les effectifs, et en décembre 1958 le général Challe obtient du général de Gaulle de passer de 28 000 à 60 000 harkis (1K 233). En 1959, 6 à 7 000 d’entre eux seront affectés dans les Commandos de chasse créés dans chaque secteur (arrondissement) pour éliminer les rebelles qui ont échappé aux opérations du plan Challe (1H 2456).

6
C’est au début de 1961 que le recrutement des musulmans atteint son maximum, comme le montrent les courbes ci-jointes.
Il y aura trois à quatre fois plus de musulmans dans l’armée française que dans l’ALN, et 3 200 supplétifs sont tués au combat ou par attentat.

7
Alors que GMS et moghaznis étaient engagés sous contrat de six mois, les harkis avaient jusqu’en 1961 un statut de journaliers, bien qu’ils restent en service plusieurs mois, et qu’ils soient payés mensuellement (22 500 anciens francs).
Environ 3 000 d’entre eux étaient des rebelles ralliés. Les harkas amalgamées avaient le même armement que les unités régulières. Quant aux autodéfenses, elles étaient armées à 50 % de fusils de chasse et de 8 mm, et en principe n’étaient pas rémunérées (MAA 340, 1H 2028, 2029).

8
S’étant engagés davantage pour la défense de leurs familles que pour la solde, les supplétifs étaient opposés à la conception totalitaire du parti unique du FLN.
Ils faisaient confiance à l’armée pour faire évoluer l’Algérie dans un sens démocratique et égalitaire.
Le rappel de Challe en mars 1960 ne permet pas de mener à bien son projet de Fédération des unités territoriales (UT) et des autodéfenses, qui aurait constitué un parti français opposé au FLN (7T 249).

9
Crépin, le successeur de Challe, avait promis en mars 1961 que les harkis, considérés comme vainqueurs, auraient la première place dans l’Algérie future, et qu’ils resteraient groupés et armés pendant un an après le cessez-le-feu (1H 1096/1).
​Mais dès l’été 1961, le gouvernement décide d’amorcer la réduction des effectifs des harkas et des autodéfenses, et de « civiliser » les SAS, ce qui reviendrait à supprimer les maghzens, alors que Challe leur avait confié la responsabilité opérationnelle des « Quartiers de pacification » (1H 1304, 2027, 2028, 2556).


II. L’ABANDON, LE MASSACRE ET LE RAPATRIEMENT SÉLECTIF

10
Les promesses de Challe et de Crépin n’ont pas été tenues. Les négociateurs d’Évian se sont préoccupés, il faut le reconnaître, de l’avenir des « musulmans fidèles à la France ». En novembre 1961, ils ont obtenu du FLN à Bâle la promesse qu’il n’y aurait pas de représailles (SEAA 111, MAA 155). Croyant à tort à cette promesse, L. Joxe a adopté une politique de maintien de la plupart des supplétifs en Algérie. Huit jours avant le cessez-le-feu, M. Messmer leur a proposé le choix entre trois solutions :
l’engagement dans l’armée pour les plus aptes,
le retour au village avec une prime (1 mois et demi de solde par année de service),
un contrat civil d’attente de six mois.
Ceux qui se sentaient menacés avaient la possibilité de demander leur rapatriement, mais le 15 mai 1962, il n’y avait que 5 000 demandes, familles comprises.
Les rapatriés (« réfugiés » serait plus juste) devaient conserver la nationalité française, à condition d’en faire la demande au juge d’instance, condition considérée comme contraire aux accords d’Évian (SEAA 107).
Les GMS et les auxiliaires de la Gendarmerie étaient transférés en bloc dans la Force de l’ordre, qui, avant et aussitôt après l’indépendance, déserta en masse ; 26 000 armes passent ainsi au FLN (SEAA 109 à 112, 6T 792, 7T 136, 1H 1322).

11
90 % des harkis ont choisi le retour à la vie civile, parce que le FLN leur a promis qu’ils seraient pardonnés et considérés comme des frères.
Mais ces promesses étaient mensongères, comme le prouvent les directives des wilayas (1H 1643, 1803, 15 CAB 144). Il y a donc eu des règlements de compte entre le 19 mars et le 1er juillet dans les villages évacués par l’armée française, où l’on ne savait pas ce qui se passait.
À partir du 5 juillet, les massacres ont été massifs et accompagnés de supplices inimaginables, il s’agissait de les faire mourir deux fois. Même les ralliés de la 11e heure n’y ont pas échappé (1H 2402, 2716, rapport du sous-préfet Robert).

12
Les historiens ne sont pas d’accord sur le nombre des harkis massacrés. J. Lacouture ayant annoncé 10 000 victimes dans le Monde du 13 novembre 1962, ce chiffre a été retenu par l’ambassadeur.
Le contrôleur général de Saint-Salvy (approuvé par le colonel Schœn) a fait une évaluation de 150 000, à partir d’une péréquation basée sur l’arrondissement d’Akbou. Le Service historique n’a fait aucune estimation et s’est contenté de citer celle de Saint-Salvy.
L’historien d’Alger, X. Yacono, ayant calculé que les pertes dues à la guerre étaient inférieures à 300 000, a jugé inacceptable le chiffre de 150 000. Nicolas d’Andoque, ancien SAS, a retenu 60 000, ce qui paraît être une limite courte.

13
La méthode de calcul par différence entre le total des pertes et le nombre des victimes dues à des actions de guerre aboutit à une fourchette de 60 à 80 000 harkis tués en 1962-1963.
« Il semble, écrit Jean-Charles Jauffret dans Historiens et géographes [2][2]  Historiens et géographes, n° 373, janvier-février 2001,..., qu’un consensus rassemble peu à peu les historiens français, et qu’une évaluation de 60 à 80 000 victimes soit retenue. »
Utilisant la même méthode, Jean-Jacques Jordi propose 70 000 [3][3]  Actes du colloque du Centre universitaire méditerranéen.... Mais on ne connaîtra jamais la vérité, car une évaluation précise est aujourd’hui impossible.

14
L’attitude des autorités politiques et militaires doit être dénoncée comme ayant fait preuve de « non-assistance à personne en danger ». Sans doute une dizaine de centres d’accueil ont-ils été ouverts en Algérie, de nombreux officiers se sont alors efforcés de sauver leurs supplétifs. Mais le gouvernement a interdit le 12 mai les initiatives de rapatriement (SEAA 39).
La raison – irréaliste – invoquée par MM. Joxe et Frey a été la crainte de voir des commandos de l’OAS, à base de musulmans, s’installer en France (1R 367, 1K 744). Alors que le commandement et M. Pompidou avaient recommandé les initiatives de secours aux personnes menacées, le Comité des Affaires algériennes du 21 juin 1962 a interdit ces initiatives en dehors des cas de légitime défense ou d’attaque caractérisée (SEAA 39-41).

15
Les premiers transports maritimes ne débutent que le 12 juin. Les rapatriements sont ensuite suspendus le 19 juillet, et l’ambassadeur Jeanneney s’oppose aux interventions de l’armée.
Les rapatriements ne reprendront qu’après le 19 septembre, sur décision de M. Pompidou (1H 1260, 2584).

16
L’accueil en France a souffert des mêmes indécisions. Ce n’est que le 26 mai que le ministre des Armées décide d’ouvrir pour trois mois le camp du Larzac, et le 19 juin celui de Bourg-Lastic.
Le 30 mai, à la demande du colonel Buis, il accepte de recevoir 5 000 moghaznis, familles comprises (1R 336). Ainsi 10 000 personnes sont rapatriées avant le 1er juillet. En septembre, l’approche de l’hiver impose de transférer les rapatriés de Larzac et Bourg-Lastic à Rivesaltes et Saint-Maurice l’Ardoise.
L’armée de terre fait alors diligence pour mettre en place les structures d’accueil :
1 officier ou sous-officier pour 100 rapatriés, des dizaines de médecins, d’assistantes sociales et d’instituteurs.
Malgré ces efforts, les camps restent inconfortables, de nombreux harkis vont passer l’hiver sous la tente (1R 274-277, 2T 60, 7T 253, 14T 91-92).

17
Le 14 juin, un conseil interministériel présidé par M. Boulin a créé un groupe de travail [4][4]  Présidé par Mlle Dissart, ce groupe réunit de hauts... qui recense l’arrivée des musulmans.
En août et septembre, M. Pompidou préside des conseils restreints qui prennent les décisions les plus urgentes : ouverture de chantiers de forestage, allocations de subsistance et de reconversion, recherche d’emplois industriels, construction de logements.
Par manque de moyens civils, c’est l’armée qui est chargée du transfert, de l’hébergement, de l’encadrement, de la préformation professionnelle, et même de la gestion de 42 chantiers forestiers (MAA 157).

18
Le général de Segonzac propose un programme de formation et d’adaptation, destiné en particulier aux femmes et aux enfants.
Mais en septembre, l’Élysée prescrit de disperser les rapatriés dans les départements, où « les préfets s’en débrouilleront » (source personnelle). Les familles ne sont donc restées dans les camps que quelques mois.

19
Au total, 21 000 personnes ont été rapatriées en 1962, 15 000 en 1963 et 5 340 en 1964-1965. De 1965 à 1970, des négociations engagées par M. de Broglie permettent de recueillir 1 330 prisonniers du FLN (plus leurs familles), alors qu’on en avait recensé 7 000 en 1963 et 24 000 en 1964.

Nombreuses sont les familles qui ne sont pas passées par les camps. Le recensement de 1968 indique 90 000 rapatriés nés en Algérie [5][5]  Selon le commandant François, le total serait de 60..., dont seulement 15 000 anciens supplétifs, soit 10 % des effectifs de 1961 (1H 1856, 1R 336-337).

20
Quel jugement porter sur les responsabilités ? Il faut dire que l’indécision française et l’information trop tardive sur les rapatriements ont incité les supplétifs à regagner leurs villages, où ils ont immédiatement été pris en mains par le FLN.
La responsabilité de la France est donc entière dans ces retards, ainsi que dans l’interdiction des opérations de secours, et dans l’insuffisance de l’accueil en métropole.
Le regroupement des harkis était imposé par les menaces du FLN dans les usines et les banlieues.
S’il est exagéré de parler de « camps de la honte », ou même de « camps de concentration », comme l’affirment certains enfants de harkis, il est certain que l’on aurait pu et dû faire mieux, en appliquant le programme de Segonzac et en ouvrant des installations militaires plus confortables (camps en dur, centres mobilisateurs).

21
Quant à la duplicité du FLN et à sa responsabilité dans les massacres, elles sont évidentes. Les négociateurs français ont été abusés par la bonne foi de Krim Belkacem, qui a été démentie par Ben Bella et Boumediene au Congrès de Tripoli (27 mai - 7 juin 1962).


III. LES POLITIQUES D'INSERTION 

[6][6]  
Les sources de ce paragraphe sont : le fonds François...

22
Il est exagéré d’affirmer que l’insertion des FMR a été complètement négligée.
Sans doute peut-on dire qu’elle ne faisait pas partie des priorités du chef de l’État. En revanche, dès l’été 1962, le Premier ministre s’en est préoccupé, sans qu’il lui soit possible de rattraper les retards et les indécisions du passé.
Le principal reproche qu’on puisse faire à cette politique est son manque de continuité ; en trente-sept ans en effet 15 ministres ou secrétaires d’État ont été successivement chargés du dossier.
En survolant ces trente-sept années, il apparaît que 4 ou 5 politiques successives ont été mises en œuvre.

23
De 1962 à 1970, l’effort a porté sur la régularisation administrative et l’installation en métropole. 60 000 déclarations recognitives de nationalité ont été signées.
Les Français musulmans rapatriés (FMR que l’on appelle aujourd’hui RONA, Rapatriés d’origine nord-africaine) ont été suivis successivement par les services du Premier ministre, de l’Intérieur, des Rapatriés, et du Travail.
Le camp de Rivesaltes est fermé à la fin de 1964. Deux camps d’accueil pour 1 500 personnes handicapées ou incassables ont été maintenus (l’Ardoise et Bias).
Les autres sont transférés dans 87 départements, 11 000 emplois industriels sont créés, 75 chantiers forestiers ouverts pour 2 000 travailleurs et 10 000 personnes, 16 ensembles immobiliers construits par la Sonacotra pour 8 000 personnes.
Les hameaux forestiers, souvent critiqués, étaient une bonne solution, ils ont contribué à la protection de la forêt, et la plupart ont été encadrés par des chefs compétents et des monitrices dévouées.
L’erreur initiale a été de les implanter au milieu des forêts, où les enfants étaient à l’écart de la société française.
Là où les chantiers ont été rapprochés des villages, la socialisation a été réussie.

24
Il faut rappeler aussi que, sans régler tous les problèmes, des responsables et des bénévoles ont fait preuve d’un grand dévouement [7][7]  Il faut citer entre autres A. Parodi, le colonel Schœn,....

25
La deuxième phase est celle de la prise de conscience des difficultés de l’adaptation. À la suite du rapport de Jean Servier en 1972, qui fait état de la surnatalité, des retards scolaires et des problèmes de relations familiales, M. Messmer crée la Commission Barbeau qui se trouve confrontée à la crise de 1974-1975 :
grèves de la faim ; révolte fomentée à Saint-Maurice l’Ardoise par des agitateurs extérieurs [8][8]  Selon la thèse du sénateur Heinis, qui dément l’existence.... Des mesures sont alors prises au profit des anciens :
construction de 1 000 logements, accès à la propriété, résorption des hameaux forestiers, et au profit des jeunes :
bourses, colonies de vacances, formation professionnelle.
De 1975 à 1979, des Bureaux d’information, d’aide et de conseil (BIAC) sont mis en place en vue de développer la concertation entre rapatriés et administration.
Une commission interministérielle permanente est alors présidée par le Premier ministre et animée par le préfet Belhaddad. La commission Mario Bénard est une autre de ces instances.

26
Le gouvernement socialiste, en 1984, implante à Carcassonne un Office national à l’action sociale, éducative et culturelle (ONASEC), dont la gestion a fait l’objet de critiques.
Il faut mettre à l’actif du ministre Hernu la mise en place d’appelés du contingent comme éducateurs scolaires et Agents de coordination chargés de l’emploi (ACCE), et en 1989, la première cérémonie du souvenir aux Invalides, jumelée avec la sortie du timbre « Hommage aux harkis ».
Le délégué Benassayag obtient les mesures d’insertion du gouvernement Rocard :
formation professionnelle, action sociale et éducative, aide au logement.
Deux ans plus tard, Mme Cresson et M. Bianco tiennent compte des observations du rapport Leveau-Meliani qui constate un chômage croissant de 20 à 25 %.
Des mesures nouvelles sont adoptées pour pallier le surendettement, réhabiliter les logements, assurer un suivi administratif et éduquer les jeunes.
Il semble cependant qu’une partie des crédits prévus sont ensuite transférés sur d’autres chapitres.

27
Les gouvernements Chirac et Balladur, secondés par les ministres Santini, Cabana et Romani, consentent un effort financier plus important que leurs prédécesseurs.
Une indemnisation de 60 000 F est accordée en 1987, puis, à la suite des conclusions du groupe de travail Rossignol, qui réalise une véritable concertation, une allocation de 110 000 F en 1994, accompagnée d’aides à la propriété de 15 à 80 000 F.
Un statut des victimes de la captivité et une aide aux veuves sont adoptés.
Le président Chirac inaugure le 11 novembre 1996 le monument du Chapeau Rouge, à la mémoire des rapatriés d’outre-mer. Hamlaoui Mekachera, président du Conseil national des Français musulmans, est nommé délégué à l’intégration.
Il approuve la Charte du culte musulman du recteur Boubekeur, avant de remplacer ce dernier à la présidence du Conseil représentatif des musulmans de France.

28
À la suite des grèves de la faim médiatisées sur l’esplanade des Invalides par Abdelkrim Klech, et malgré un rapport Lagarigue défavorable, Mme Aubry a accordé le 2 janvier 1999 de nouveaux avantages sociaux :
rente viagère de 9 000 F accordée à environ 12 000 anciens supplétifs ; prolongation de deux ans des mesures pour le logement et l’emploi du plan Romani ; convention partenariale avec l’ANPE et suivi des embauches par des cellules départementales spécialisées, visant à créer 3 000 emplois par an ; convention-emploi de 70 000 F et bourse de 30 000 F favorisant la mobilité ; recrutement d’une centaine d’ouvriers forestiers.

29
Ces dispositions, dont le coût est évalué à plus de 2 milliards de francs, ont été jugées insuffisantes par la plupart des associations, même si elles vont dans le bon sens.
Elles commencent à donner des résultats, comme le montre le tableau des emplois acquis de 1998 à 2000, dont 48 % ont été obtenus par les ACCE, alors que les dispositifs nouveaux (cellules emplois) réalisent 41 % de CDI (contrats à durée indéterminée), 17 % de CDD, 10 % de contrats aidés, 22 % d’emplois jeunes et 14 % de stages de formation :

30
Les cellules emploi semblent avoir atteint leur niveau de saturation, et la Délégation aux rapatriés étudie d’autres dispositifs pour amener le taux de chômage de la communauté harkie au niveau moyen national.

31
En résumé, on peut estimer que les politiques d’insertion, fondées sur de bonnes analyses périodiques de situation, ont manqué de continuité et de crédits budgétaires.
Le total estimé à plus de 4 milliards de francs pour trente-cinq années mériterait d’être analysé avec précision. On peut considérer que plus de la moitié des familles sont bien intégrées, que le problème du logement est en bonne voie de règlement, et que certains jeunes ont réalisé de remarquables réussites.

32
Il reste que la communauté harkie est confrontée à de grosses difficultés de chômage, liées au manque de formation, en particulier dans le Midi ; à la mésentente de trop nombreuses associations, dont les revendications n’ont pas le poids nécessaire face au pouvoir ; aux tentations du clientélisme et de l’assistanat ; à des problèmes d’intégration culturelle, dûs au maintien de coutumes archaïques et à la pratique d’une religion formaliste.
​
33
La situation de l’Algérie nous convainc tous les jours que les Français musulmans rapatriés ont fait le bon choix, que la France a envers les harkis un devoir de reconnaissance, et qu’elle doit mieux les associer aux responsabilités politiques.


​
Notes

[1]
Les articles sur « le drame des harkis », de Guy Pervillé dans L’Histoire d’avril 1999, et de Charles-Robert Ageron dans Vingtième siècle d’octobre 2000, montrent que cette histoire peut maintenant être écrite en s’appuyant sur des documents nombreux et fiables.
Les interprétations peuvent être différentes.
Cet article retient la responsabilité du gouvernement dans l’abandon des harkis, contrairement aux conclusions de Charles-Robert Ageron.
Seules les archives les plus importantes seront citées ; pour ne pas multiplier les notes de renvoi, elles sont indiquées entre parenthèses dans le texte et relèvent des fonds ci-dessous :
— au SHAT (Vincennes), les séries 1H (Algérie), 6 et 7T (EMA Terre), 7U (Journaux de marche), 1R (Cabinet du ministre des Armées), 1K (Fonds privés Ely, François, Gambiez, Messmer) ;
— au CAOM (archives d’outre-mer, Aix), les séries MAA, 15 CAB, 3 CM ;
— au MAE (ministère des Affaires étrangères), les archives des Affaires algériennes : SEEA 33 à 40.
[2]
Historiens et géographes, n° 373, janvier-février 2001, p. 490.
[3]
Actes du colloque du Centre universitaire méditerranéen de Nice (1998) : La réécriture de l’Histoire, p. 39.
[4]
Présidé par Mlle Dissart, ce groupe réunit de hauts f​onctionnaires : M. Massenet, les préfets Droueille et Vaujour, M. Lamassoure, Revol, J. Monod, J. Toutain.
[5]
Selon le commandant François, le total serait de 60 à 65 000 rapatriés.
[6]
Les sources de ce paragraphe sont : le fonds François (1K 803), la thèse Heinis (1977), les rapports Servier, Barbeau, Leveau, Rossignol, le mémoire Chabaga, les plans Messmer, Rocard-Benassayag, Cresson-Bianco, Chirac-Santini-Cadana, Balladur-Romani et Aubry-Montchovet.
[7]
Il faut citer entre autres A. Parodi, le colonel Schœn, le préfet Perony, Mme Heinis, A. Wormser, les officiers du Service d’assistance technique (SAT), les assistantes sociales de l’ASSRA, certains responsables de l’ONF et de la SNCF.
Les anciens des SAS de la demi-brigade de fusiliers marins (DBFM), des troupes sahariennes, F. Sénart, l’abbé de la Morandais et le capitaine F. Meyer acquièrent des propriétés agricoles pour y installer leurs rapatriés.
[8]
Selon la thèse du sénateur Heinis, qui dément l’existence de barbelés continus.
L’ouverture des archives permet d’écrire l’histoire des formations supplétives qui ont renforcé l’armée française pendant la guerre d’Algérie :
harkis, moghzanis, groupes mobiles de sécurité, autodéfenses. Recrutés d’abord avec prudence en raison des actions terroristes du Front de libération nationale (FLN), ils atteignent un maximum de 120 000 volontaires armés et sont progressivement démobilisés à partir de l’été 1961 jusqu’au cessez-le-feu du 19 mars 1962.
Incités à regagner leurs villages, 60 à 80 000 d’entre eux seront massacrés par le FLN au cours de l’été 1962.
​Environ 15 000 seulement seront « rapatriés », – 90 000 avec les familles –, que les politiques, faute de continuité et de moyens, n’ont pas réussi à totalement intégrer dans la communauté française
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