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Directives FLN de septembre 1955 :
« Tuer les Caïds, présidents et Ouakafs, prendre leurs enfants et les tués (sic) …Tuer tous ceux qui payent les impôts et ceux qui les ramassent.
Brûler les maisons des sous-officiers musulmans en service. Défense de répondre au service militaire. Continuer le boycottage du tabac, couper les lèvres à ceux qui fument. »
« Abattre tous les Caïds, présidents, Khodja, etc …Abattre les femmes des Marocains (goumiers marocains de l’Aurès).
Tuez les femmes et les enfants des colons français …Boycottage total du tabac. Interdit de fumer les cigarettes à peine de mort.

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  • Le F.L.N ( INTRODUCTION )
    • Une étrange concordance des temps : les attentats en métropole du FLN et de l’État Islamique (1957-2017)
  • Qu’est-ce que le terrorisme ? ​
    • Le Mouvement national algérien à Lyon
  • Les groupes de choc du FLN
    • Le début de la guerre terroriste en Algérie, les attentats de la toussaint, 1954
  • LE FLN FUT TERRORISTE
  • La différenciation entre le F.L.N. et le courant messaliste (été 1954- décembre 1955) 
  • LUTTE F.L.N/M.N.A
  • Les groupes de choc du FLN
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Guerre complexe, multiple, la guerre d'Algérie fut à la fois une guerre de décolonisation tournée contre la puissance "occupante" et une guerre révolutionnaire tournée contre les réfractaires au nouvel ordre social voulu par le FLN.

Certes, compte tenu de la disproportion des forces en présence, l'entreprise du FLN n'avait de chance de réussir que si, d'une manière ou d'une autre, elle s'assurait le concours - au moins passif - des populations civiles. Mais plutôt que de simplement organiser la participation des franges les plus désireuses de s'associer à l'insurrection, le FLN, qui se voulait politiquement hégémonique, entreprit non seulement de réduire la capacité de nuisance des franges les plus réfractaires, mais encore d'impliquer - par la force si nécessaire - les franges les plus indifférentes à son entreprise. Dans sa proclamation du 1er novembre 1954, le FLN avait d'ailleurs clairement annoncé sa volonté de s'autoriser de principes - les « principes révolutionnaires » - qui l'amèneraient à employer « tous les moyens » pour arriver à ses fins : « Conformément aux principes révolutionnaires et compte tenu des situations intérieure et extérieure, [nous en appelons à] la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu'à la réalisation de notre but »775(*).
Comme le souligne Guy Pervillé, « cette formule d'un pragmatisme absolu impliquait la subordination de la morale à l'efficacité »776(*) en ce qu'elle « impliquait notamment toute forme d'action violente visant des civils sans armes et non des combattants armés capables de riposter, et destinée à terroriser les survivants »777(*).
Autrement dit, la visée hégémonique du FLN était nécessairement coextensive de l'application d'une politique et du recours à des moyens - les attentats aveugles ou ciblés - qui font de l'indétermination du champ de bataille (le maquis et la rue) et de l'ennemi (l'homme en uniforme et le civil) l'essence même de la lutte.

De fait, l'implication forcée des populations civiles est une visée stratégique de toute guerre révolutionnaire, en ce qu'elle est un moyen d'étendre le champ des violences et des contre-violences à l'ensemble de la société et, ce faisant, de décourager la recherche du compromis et l'expression de positions tierces778(*). Luis Martinez souligne ainsi, à propos de la "deuxième" guerre d'Algérie, que « des pratiques de terreur sont utilisées par les protagonistes : elles engendrent un sentiment d'insécurité qui vise à un découpage de la population au sens politique, entre "amis" et "ennemis".
Cela est perceptible parmi les individus qui ne se définissent ni comme des sympathisants du régime, ni comme des islamistes, ce qui accroît leur crainte d'être des cibles flottantes »779(*).
De même, Philippe Braud montre que la « stratégie de terrorisation cherche à briser progressivement le sentiment de sécurité en écartant toutes les barrières qui sembleraient mettre à l'abri telle ou telle catégorie de population »780(*).
La politique de la terreur vise ainsi, dans une perspective hégémonique, à polariser les populations entre "pro" et "anti", sans médiations possibles. Il n'y a plus ni terrain neutre (ou société civile), ni tiers parti : « Vous êtes avec nous ou contre nous ».
Au cours de la guerre d'Algérie, ce moyen a pu être justifié par certains soutiens au FLN, au nom de la disproportion des forces en présence781(*).
Mais est-ce simplement cela qui est en jeu pour ceux qui y ont recours ? Ce viol des lois de la guerre est-il simplement un pis-aller ou vaut-il, par-delà, principe de gouvernement ? Le fait est que la quasi-totalité des mouvements de « libération nationale » qui ont oeuvré dans le tiers-monde au cours des années 1950 et 1960 se sont "civilisés" - une fois la partie gagnée - sous la forme de partis uniques se réclamant, à l'instar du FLN, du « centralisme démocratique ».

​ Michael Walzer, qui s'est intéressé de longue date à ces questions, y est revenu peu après le 11 septembre 2001 :
« [A familiar argument to justify terrorism] is that terrorists are weak and can't do anything else. But two different kinds of weakness are commonly confused here: the weakness of the terrorist organization vis-à-vis its enemy and its weakness vis-à-vis its own people. It is the second type - the inability of the organization to mobilize its own people - that makes terrorism the option and effectively rules out all the others: political action, non-violent resistance, general strikes, mass demonstrations.

​The terrorists are weak not because they represent the weak but precisely because they don't - because they have been unable to draw the weak into a sustained oppositional politics. They act without the organized political support of their own people.
​They may express the anger and resentment of some of those people, even a lot of them. But they have not been authorized to do that, and they have made no attempt to win any such authorization. They act tyrannically and, if they win, will rule in the same way »782(*).
​Michael Walzer montre aussi combien cette stratégie d'implication forcée des populations civiles - cette politique de la "terreur" - peut produire des effets infiniment plus rapides et spectaculaires que le harcèlement direct des forces de l'ordre : « Terrorists are like killers on a rampage, except that their rampage is purposeful and programmatic. It aims at a general vulnerability. Kill these people in order to terrify those. A relatively small number of dead victims makes for a very large number of living and frightened hostages »783(*).

Il est véritablement symptomatique, à cet égard, nous l'avons dit, qu'au cours des six premiers mois de l'insurrection algérienne les victimes civiles des actes terroristes du FLN aient été quasi-exclusivement des victimes musulmanes.
​Dès ses débuts, l'insurrection conduite sous l'égide du FLN affirmait son caractère hégémonique, ciblant par privilège ceux-là mêmes dont elle prétendait porter les aspirations. Un bilan officiel des victimes civiles du terrorisme du FLN établi et arrêté en juin 1957, un peu plus de 30 mois après le déclenchement de l'insurrection, faisait état de 1.152 Européens tués ou disparus pour 8.497 musulmans784(*).
Benjamin Stora, qui rapporte également ces chiffres (en précisant que ce bilan partiel se décomposait en « 16.382 attentats contre des civils, et seulement 9.134 contre les forces de l'ordre françaises »), estime que « la logique d'une révolte d'un peuple unanime contre un occupant étranger donnerait d'autres chiffres, une proportion inverse ». Et il ajoute : « Force est de constater que ces données statistiques donnent à voir une violence délibérée, en vue de faire accepter son point de vue »785(*).

- 1. Le ciblage systématique des musulmans pro-français et des nationalistes dissidents.
Et, de fait, tout au long de la guerre (et, plus encore, au-delà, comme en témoignent les assassinats et détentions arbitraires d'anciens harkis et assimilés dans les mois et les années qui suivent l'accession à l'indépendance de l'Algérie), les insurgés ciblèrent systématiquement les franges de la population civile qui n'étaient pas inféodées au FLN, soit que les intéressés fussent ouvertement "pro-français", ou présumés tels par leurs fonctions (gardes forestiers, gardes champêtres, caïds, élus ou candidats786(*), fonctionnaires, professions libérales, anciens combattants, etc.787(*)), soit qu'ils se reconnussent dans d'autres formations nationalistes, à commencer par le Mouvement National Algérien (MNA), jusque et y compris des catégories aussi arbitraires que les « bourgeois » ou les « filles du 13 mai »788(*).

Une logique redondante en Algérie. A propos de la "seconde guerre d'Algérie", Luis Martinez montre ainsi que, dans le cas d'espèce des « guérillas révolutionnaires », et des actes de guérilla orchestrés par le Mouvement pour l'Etat islamique (MEI) et son leader, Saïd Makhloufi, en particulier, « le recours à la violence n'est pas orienté vers les seules forces de sécurité, mais prend pour cible, parmi le «peuple», des civils réactionnaires : «Un peuple qui soutient, par peur ou par ambition, un régime qui le tyrannise et l'oppresse, en devient l'allié. De fait, la lutte devient non seulement un devoir, mais cesser de collaborer avec le régime en place et les oppresseurs corrompus devient un impératif» (Saïd Makhloufi, Traité de désobéissance civile, 1991) »789(*).

Luis Martinez ajoute : « Le choix stratégique du MEI, qui se porte davantage sur le « peuple » que sur les forces de sécurité, a sans doute grandement contribué à celui du GIA. (...) Le GIA, séduit par l'analyse de Saïd Makhloufi sur l'importance de l'attitude du « peuple » dans la lutte armée, classe tous les individus en « ennemis de l'islam » et « partisans du djihâd ». Les civils se retrouvent dès lors sommés de choisir leur camp sous peine de mourir. (...) Ainsi, loin de se limiter aux forces de sécurité, le GIA entre en guerre contre l'ensemble des groupes sociaux qui, involontairement ou délibérément, assurent la pérennité du régime »790(*).

Ainsi, en situation de guerre révolutionnaire, la conscientisation à marche forcée des populations passe par la mise à mort (ou la menace de mise à mort) des "traîtres". Et il importe, à cet effet, que l'éventail des personnes ciblées soit aussi large que possible afin que nul ne se sente soustrait à la menace, donc à l'obligation de prouver son "patriotisme". Ainsi en fut-il, dès avant l'exemple bien connu de Melouza (dans la nuit du 28 au 29 mai 1957), de la « Nuit rouge de la Soummam » : dirigée - dans la nuit du 13 au 14 avril 1956 - contre un gros village, Ioun Dagen, qui avait été constitué en autodéfense par un notable de grande tente. D'après Yves Courrière, Amirouche « avait déclaré tout le village traître et l'avait rayé de la carte. Le village avait été encerclé de nuit, investi par surprise et Amirouche avait donné l'ordre de tuer tout le monde. «Hommes, femmes et enfants, avait-il crié, et que ce châtiment soit exemplaire !». Ce fut un carnage épouvantable. On murmura qu'il y avait eu entre 1.000 et 1.100 morts »791(*).
Quelques mois plus tard, au cours d'une conférence de presse à New-York, le 17 novembre 1956, Mohamed Yazid déclarait que « pour faire l'unité algérienne, il ne [fallait] pas hésiter à tuer et à écraser toute opposition »792(*).
Puis, au printemps 1957, le CCE donnait l'ordre écrit aux responsables des wilayas «de brûler tous les villages qui ont demandé la protection de la France, et d'abattre tous les hommes âgés de plus de vingt ans qui y habitent» »793(*). Du reste, d'après Charles-Robert Ageron, même lorsqu'elles étaient spécifiquement dirigées contre des membres des forces armées (militaires d'active, supplétifs, policiers, etc.) ou des élus et membres de l'administration coloniale (caïds, gardes forestiers, etc.), ces menaces « visaient les familles aussi bien que les individus coupables »794(*).
Selon l'auteur, des lettres en français parvenaient aux intéressés, les sommant en ces termes de démissionner : « Notre armée avertit tous les goumiers qu'ils mourront comme des salauds (...). Toutes vos familles seront massacrées »795(*).

Cette même logique valait aussi en métropole, où la Fédération de France du FLN faisait régner un climat de terreur, à l'encontre des messalistes ou, plus simplement, des "mauvais payeurs", comme en témoigne Mohammed : « Il y avait une discipline de fer, imposant par exemple l'interdiction de boire, pour éviter les bavardages.
Etre dénoncé pour un Ricard coûtait 50 F d'amende. La cotisation annuelle valait 35 F, je faisais la collecte avec un jeune type, très dynamique. Un jour, un restaurateur rechignait à sortir l'argent. Le jeune lui a dit : «Paye ou je te liquide». Il a tiré. A la fin de chaque mois, on envoyait des rapports en 17 points, très détaillés. Pour moi, le travail était dur mais exaltant. C'était comme un bouton électrique, tu appuies dessus, on t'obéit à la minute »796(*).

- La mise à mort des « traîtres » comme étai de la conscience révolutionnaire, ou la règle de l'attentat préalable
Outil de "conscientisation" à marche forcée des populations civiles, la mise à mort des "traîtres" fut symétriquement utilisée au titre d'épreuve "initiatique" ou probatoire pour les candidats au maquis : ordre était donné aux néophytes d'abattre un "traître", ce qui avait le double avantage de s'assurer de la "sincérité" de leur engagement et de les placer dans une situation sans retour, préalable commode à leur radicalisation. Voici ce que déclarait Krim Belkacem à l'automne 1960 : « Le troisième problème est celui de l'attentat ; pour être admis dans les rangs de l'ALN, il faut abattre un colonialiste ou un traître notoire. L'attentat est le stage accompli par tout candidat à l'ALN797(*).

Saïd Ferdi, qui fut forcé de s'engager dans l'armée française à l'âge de 14 ans, a raconté quelles furent les conséquences de cette règle dans son village : « Les révolutionnaires appliquaient une discipline très sévère à l'intérieur même du réseau. Pour être admis parmi eux, il fallait (...) commettre un attentat. On désignait à l'intéressé une victime, on lui indiquait le lieu, la date et l'heure de l'assassinat, et il devait exécuter strictement les ordres. La moindre erreur était punie de mort.
​Cela se produisit trois fois dans mon village. La première, l'homme tira sur le gendarme qu'il devait tuer, mais, affolé, le rata. A son retour, les maquisards le fusillèrent. Le second n'avait pas respecté l'heure indiquée (...). Le troisième avait parlé à des amis de son projet avant de l'exécuter. Les révolutionnaires appliquaient ces méthodes pour deux raisons : l'une était d'empêcher chaque nouveau maquisard de revenir en arrière en le compromettant définitivement aux yeux de l'administration française, l'autre d'imposer une discipline rigoureuse pour que les hommes appliquent strictement les ordres et qu'ainsi tout fonctionne au mieux »798(*).

Dans une interview parue dans une édition saisie de L'Express, puis publiée par Témoignages et Documents de mars 1959, Si Azzedine, qui fut commandant de la wilaya IV, raconte comment il a lui-même été amené à commettre son premier attentat le jour où il a été admis comme moussebiline du FLN, le 31 juillet 1955 : « J'avais appris que le gardien de nuit musulman [NDA : de l'usine de Maison-Carrée où travaillait Si Azzedine] nous dénonçait. J'en ai rendu compte aux frères et l'on m'a chargé de supprimer le gardien.
C'est la première fois que je devais tuer un homme. Comme j'étais sportif et que l'on savait que j'avais de la poigne, on m'a chargé de faire cela à la dure, c'est-à-dire par strangulation. Nous ne voulions pas alerter la police en nous servant d'armes à feu. C'était ma première épreuve, et je l'ai à moitié ratée. J'ai bien étranglé le gardien, mais l'alerte avait été donnée, une patrouille a tiré sur moi, j'étais blessé au mollet. Je me suis d'abord caché et j'ai réussi à m'enfuir. Aussitôt, j'ai été envoyé dans le maquis de Palestro »799(*).

Dans son ouvrage, La guerre civile en Algérie, Luis Martinez signale d'ailleurs que cette pratique s'est perpétuée d'une guerre d'Algérie l'autre : « [L'assassinat d'inspecteurs, de policiers ou de secrétaires dans un commissariat] constitue un rite d'initiation : l'assassinat à visage découvert entraîne inéluctablement ses exécutants à rejoindre les rangs de la guérilla, à l'abri des maquis.
Par ce type de cible et de méthode, les instructeurs de la guérilla, en conseillant aux « émirs » de s'en prendre d'abord aux policiers locaux, ont pu bénéficier de l'arrivée régulière de nouvelles recrues. (...) [Tout en constituant une garantie de l'authenticité de l'entrée en dissidence des nouveaux convertis au djihâd,] ce procédé leur ôte surtout la possibilité d'un retour à la vie civile à l'instar des combattants de la Renamo au Mozambique »800(*).

* 775 Extrait de la Proclamation du FLN du 1er novembre 1954 ; extrait cité par Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Paris, Picard, 2002, p.124.
* 776 Ibid, p.142.
* 777 Ibid, p.263.
* 778 Voir notamment Gérard Chaliand, Stratégies de la guérilla, Paris, Editions Payot & Rivages, 1994 [1ère édition : Mazarine, 1979].
* 779 Luis Martinez, La guerre civile en Algérie, Paris, Karthala, 1998, p.125.
* 780 Philippe Braud, « La violence politique : repères et problèmes », Cultures et Conflits, n°9/10, 1993, p.26.
* 781 Pierre Vidal-Naquet: « Je n'ai jamais eu envie de faire l'apologie des attentats du FLN, même si j'ai pu comprendre que ce terrorisme-là était ce que l'on a appelé «l'arme du pauvre» » (« La torture en Algérie. Entretien avec Raoul Girardet et Pierre Vidal-Naquet », L'Histoire, n°140, janvier 1991, p.104-107).
* 782 Michael Walzer, "Excusing Terror," The American Prospect, vol. 12, no. 18, October 22, 2001.
* 783 Ibidem.
* 784 Aspects véritables de la rébellion algérienne, Ministère de l'Algérie, juin 1957.
* 785 Benjamin Stora, La gangrène et l'oubli. La mémoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, 1992, p.167.
* 786 Selon Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, un tract du FLN de décembre 1955 « préconisait l'emploi de la force le jour des élections, l'exécution des candidats de quelque bord qu'ils appartinssent, l'enlèvement et l'égorgement de tous les agents électoraux, la démission de tous les élus en place, et la suppression physique de tout élu qui refuserait de démissionner » (Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Éditions Autrement, 1999, p.26).
* 787 Il n'est ici question que des populations civiles, à l'exclusion, donc, des supplétifs, conscrits et engagés musulmans qui pouvaient être considérés comme des cibles "légitimes" au regard des lois de la guerre.
* 788 Sur l'éventail des musulmans visés, voir Jean Monneret, La phase finale de la guerre d'Algérie, Paris, L'Harmattan, 2001, p.320-321, qui évoque également les représailles exercées à l'encontre du MNA et du FAAD.
* 789 Luis Martinez, op.cit., p.314-315. Il faut ici souligner la proximité rhétorique entre ce texte et l'appel du 1er novembre, en particulier ce passage : « Le Front de Libération Nationale est ton Front, sa victoire est la tienne (...). Ton devoir impérieux est de soutenir tes frères combattants par tous les moyens (...). Donc, sans perdre une minute, organise ton action aux côtés des forces de libération à qui tu dois porter aide, secours et protection en tous lieux et en tous moments. En les servant tu sers la cause. Se désintéresser de la lutte est un crime. Contrecarrer l'action est une trahison » (Extrait de la proclamation du 1er novembre 1954 : appel de l'ALN ; texte intégral consultable à cette adresse :http://www.algeria-watch.org/farticle/1954-62/proclamation1nov.htm).
* 790 Ibid, p.316-317.
* 791 Yves Courrière, La guerre d'Algérie - II : Le Temps des Léopards, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1969, p.374 ; voir aussi Mohammed Harbi et Gilbert Meynier, « Réflexions sur le livre de Benamou Georges-Marc, Un Mensonge français. Enquête sur la guerre d'Algérie. La dernière frappe du révisionnisme médiatique », Confluences Méditerranée, n°48, hiver 2003-2004.
* 792 Mohand Hamoumou, Archives orales de Français-musulmans ou les conditions d'une immigration de guerre, rapport à l'attention du ministère de la Culture, Direction du Patrimoine ethnologique, juin 1988, p.171.
* 793 Benjamin Stora, La gangrène et l'oubli. La mémoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, 1992, p.166.
* 794 Charles-Robert Ageron, « La guerre psychologique de l'Armée de libération nationale », in Charles-Robert Ageron (dir.), La guerre d'Algérie et les Algériens, 1954-1962, Paris, Armand Colin, 1997, p.208.
* 795 Ibid, p.210.
* 796 Propos recueillis par Florence Aubenas, « Algériens de France isolés dans l'isoloir », Libération des 10 et 11 avril 1999, p.11.
* 797 Interview de Krim Belkacem, « L'ALN dans la guerre de libération », Revue de politique internationale, Belgrade, 15 février 1960 ; repris in Maurice Allais [1962], L'Algérie d'Évian, Bièvres, Éditions Jeune Pied-Noir, 1999, p.42.
* 798 Saïd Ferdi, Un enfant dans la guerre, 1954-1962, Paris, Le Seuil, 1981.
* 799 Témoignage repris in Gérard Chaliand, Stratégies de la guérilla, Paris, Editions Payot & Rivages, 1994, p.165-166.
* 800 Luis Martinez, La guerre civile en Algérie, Paris, Karthala, 1998, p.135-136.

Lien source :
https://www.memoireonline.com/12/13/8340/m_Memoire-identite-et-dynamique-des-generations-au-sein-et-autour-de-la-communaute-harkie-Une-a38.html​
Analysant l'importance du FLN au sein de la population durant la guerre d'Algérie, l'historienne Sylvie Thénault rappelle que le FLN ne fut pas un « parti de masse », et qu'il « ne bénéficiait pas d'une assise sociale. Il ne profita qu'à de rares moments d'une mobilisation populaire ».
L'adhésion de masse au projet indépendantiste est d'autant plus difficile à mesurer du fait « de la violente pression qu'a exercée le FLN sur les populations »
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Directives FLN de septembre 1955 :
« Tuer les Caïds, présidents et Ouakafs, prendre leurs enfants et les tués (sic) …
Tuer tous ceux qui payent les impôts et ceux qui les ramassent.
Brûler les maisons des sous-officiers musulmans en service.
Défense de répondre au service militaire.
Continuer le boycottage du tabac, couper les lèvres à ceux qui fument. »
« Abattre tous les Caïds, présidents, Khodja, etc …
Abattre les femmes des Marocains (goumiers marocains de l’Aurès).
Tuez les femmes et les enfants des colons français …
Boycottage total du tabac. Interdit de fumer les cigarettes à peine de mort. »
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Tract FLN de fin 1955 :
Elections
Pour le renouvellement de l’Assemblée Nationale Française
Peuple algérien !
« Le FLN, prenant, une fois de plus, ses responsabilités devant Dieu, devant les hommes et devant l’histoire a décidé :
1° Une abstention active (sic) qui se traduira par :
            a) Une activité incessante de tous les patriotes (combattants de l’ALN, militants et sympathisants du FLN) durant la période de la campagne électorale.
            b) L’emploi de la force le jour des élections.
2° L’exécution des candidats à quelque bord qu’ils appartiennent.
3° L’enlèvement et l’égorgement de tous les agents électoraux.
4° La démission de tous les élus en place. Ceux-ci, du député au simple membre de djemaä, sont invités à se démettre de leurs mandats avant le 1er janvier 1956.
Tout élu, sans exception aucune, qui refuserait de démissionner sera considéré comme traître à la Patrie et abattu sans jugement.
Le FLN demande à tous ses militants et sympathisants de se procurer une arme et de passer à l’action directe.
Chaque patriote se fera un devoir d’abattre son traître. »


« Le drame algérien » de Louis Lavie (février 1956)
… le paragraphe 12 des instructions envoyées du Caire par Benbella ordonne d’abattre « tous ceux qui voudraient jouer le rôle d’interlocuteurs valables »
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Guerre entre le F.L.N et le M.N.A, ouvriers messalistes tués à Paris pendant la guerre des cafés par le F.L.N de France ( commandos de choc )
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Avril Un camion calciné après un attentat commis sur la route nationale entre Tablat et Bir Rabalou. Les combattants du FLN ont attaqué un autocar, deux camions et un scooter, puis tué les occupants des véhicules. (AFP)
Directive FLN du 4 février 1957 :
« La direction envisage des sanctions très sévères contre les non-grévistes …
a) … Dans chaque quartier … les non-grévistes les plus redoutables (sic) … seront exécutés par nos groupes armés et leur sort secouera la torpeur des indifférents et servira d’exemple …
b) … faire incendier dans chaque quartier les magasins et les boutiques des commerçants qui sont restés particulièrement réfractaires au mot d’ordre de grève FLN …
c) … contre tous les commerçants non-grévistes (et en particulier Contre les Mozabites …) une amende de un million de francs quelle que soit l’importance des commerces qu’ils gèrent. »
​L’égorgement Atrocement appelé « le sourire kabyle ». Il fera mourir plus de musulmans que d'Européens. Ceux qui bravent les interdits inspirés des traditions de l'islam : pas de tabac, pas d'alcool. La mort frappe aussi les fidèles de la France
Hiérarchie dans l'atroce. Quand la sentence est plus légère,on n'égorge pas le fumeur. On lui coupe le nez. Si, par miracle, la victime est sauvée à temps,le chirurgien recoud. Pour un Arabe,  le nez c'est le panache.
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"Mon mari, il ramène les gens, tués, coupés la tête, on les jette dans le Rhône. On met tout dans un sac, et on le jette dans le Rhône. De temps en temps, ma tête elle tourne… les souvenirs… C’est la guerre d’Algérie… elle est dure. Très méchants… les gens. Il y en a qui meurent devant moi. J’ai vu. Avec le couteau, j’ai vu. C’est lui qui roule dans la couverture, pas moi. Et après, je lave le sang. À Rive-de-Gier, à La Boirie. Dans la maison en haut du café, on est ensemble. Il a amené deux hommes dans des sacs, fermés. Il est vivant. Vivant. Il répétait : « S’il vous plaît, madame, ouvre le sac. » Moi j’ai dit non. J’ouvre le sac, c’est moi qu’il tue. Non. Si j’ouvre le sac, lui il part. Et moi ? J’ai dit : « Monsieur, non. » Après, il est venu avec deux voitures, il a mis et direct, au Rhône. Et oui. Les images, c’est pas fini."
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​​Clandestinités
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Corps de Fatima Hamalsa, victime d’un attentat FLN en 1960 Figure 48. Corps de Fatima Hamalsa, victime d’un attentat FLN en 1960 Source : Archives de la justice militaire, TPFA Lyon, jugement 268/3159
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​Dans les douars perdus où les rebelles règnent la nuit, on pend les chiens et les hommes. Les chiens, pour qu'ils n'aboient pas à l'arrivée des groupes armés; les hommes, quand ils ont trahi la rébellion et la loi du silence.

L’égorgement Atrocement appelé « le sourire kabyle ». Il fera mourir plus de musulmans que d'Européens. Ceux qui bravent les interdits inspirés des traditions de l'islam : pas de tabac, pas d'alcool. La mort frappe aussi les fidèles de la France
Hiérarchie dans l'atroce. Quand la sentence est plus légère,on n'égorge pas le fumeur. On lui coupe le nez. Si, par miracle, la victime est sauvée à temps,le chirurgien recoud. Pour un Arabe,  le nez c'est le panache.
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Le 27.05.1956 : au douar Zenata (Remchi), deux musulmans, Benmrah Bouhasoun et Beneli Mohamed, sont torturés par le «FLN-ALN». Ils sont décapités à la serpe après avoir eu la verge sectionnée et enfoncée dans la bouche. Ce genre de tortures et d’humiliations est particulièrement apprécié des terroristes marxistes depuis 1917.
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LES LUTTES F.L.N contre M.N.A
La Métropole n'est pas épargné, une lutte fratricide entre le FLN de France et le M.N.A pour un bilan d'environ 4000 morts de Messalistes ou supposés ou récalcitrants à l'ordre du FLN ( impôts, rackets...).
Les guerres des cafés hôtels, "garnis" à Paris, Lyon, Lille, Clermont Ferrand...
(voire photo de gauche )
Le bilan est plus important en Algérie, le massacre le plus connu est celui de Melouza, mais il y en eu beaucoup d'autres pour un total d'environ 6000 tués
​( femmes, hommes, enfants ), sans compter les bavures et les règlements de comptes entre seigneurs de guerre.
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​Ci dessous :
​Enfants Mokhtar après le décès de Rose Mokhtar, le 6 avril 1960
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Qu’est-ce que le terrorisme ? 
Cet article a été publié dans le n° 7, numéro spécial intitulé "Un siècle de terrorisme" (octobre-novembre-décembre 2002), de la revue Guerre et histoire, (E-mail : hdg@edipol.com) présenté par François Delpla, pp. 6-13.Le terrorisme n’a pas attendu le 11 septembre 2001 pour faire couler beaucoup de sang, et beaucoup d’encre. Le mot est couramment employé par les spécialistes des sciences politiques et par les historiens, qui le considèrent comme un concept scientifiquement valable pour désigner un phénomène spécifique. Pourtant, cet usage ne fait pas l’unanimité dans l’opinion publique. Deux objections lui sont fréquemment opposées.
​Suivant certains, le terrorisme ne serait qu’une forme particulière de guerre, celle des pauvres contre les riches et des faibles contre les puissants. D’autres vont jusqu’à penser que le terrorisme n’est qu’une désignation calomnieuse des mouvements de résistance légitime par les Etats dictatoriaux ou impérialistes qu’ils combattent à juste titre. Il faudrait donc traduire automatiquement « terrorisme » par « résistance », si les adeptes de ce point de vue ne se contredisaient pas en appelant « terrorisme » l’action violente des mouvements dont ils désapprouvent les buts politiques... Quoi qu’il en soit, le mot « terrorisme » serait dépourvu de contenu objectif, et son emploi serait un signe soit de naïveté, soit de partialité.


Les historiens, ainsi interpellés, ont deux manières de répondre à ces objections. La première consiste à définir précisément le contenu du concept de terrorisme, et à montrer en quoi il se distingue de celui de guerre. C’est ce qu’a récemment tenté l’écrivain et politologue américain Caleb Carr, dans son essai intitulé Les leçons de la terreur, Pour comprendre les racines du terrorisme [1]. Sa définition est la suivante : « Le terrorisme n’est que l’appellation contemporaine et la forme moderne de la guerre délibérément menée contre des civils afin d’anéantir leur détermination à soutenir des dirigeants ou des politiques que les agents de cette violence jugent inadmissibles » [2]. Les terroristes sont donc bien des combattants d’une forme de guerre, mais des combattants qui s’attaquent à des civils sans défense et non à d’autres combattants capables de riposter. C’est pourquoi leur action violente appelle une riposte militaire, mais celle-ci doit restée limitée en ne visant que les terroristes et en évitant le plus possible de s’en prendre aux populations qui en sont plus ou moins spontanément solidaires, pour ne pas mériter le même nom. Cette définition très large englobe des pratiques de guerre totale aussi vieilles que l’histoire, et qui sont aussi bien le fait des Etats que des mouvements de résistance, de révolte ou de révolution.

L’autre méthode consiste à retracer l’histoire du mot « terrorisme » pour voir s’il s’est toujours appliqué à des réalités semblables depuis son apparition. L’enquête sémantique part de la consultation des bons dictionnaires qui classent les différents sens d’un mot suivant l’ordre logique et chronologique de leur apparition. D’après le Robert, le mot « terrorisme » vient de « terreur », qui signifie en son sens premier « peur extrême qui affole, bouleverse, paralyse », et dans un sens dérivé : « peur collective qu’on fait régner dans une population, un groupe, pour briser sa résistance ; régime, procédé politique fondé sur cette peur, sur l’emploi des mesures d’exception et de la violence ». Ce dernier sens est apparu en français dans des circonstances historiques précises : « Sous la Révolution française, ensemble des mesures d’exception prises pour contraindre les Français à obéir aux lois du gouvernement révolutionnaire ; la période pendant laquelle ces mesures furent en vigueur, depuis la chute des Girondins , en juin 1793, jusqu’à celle de Robespierre, le 27 juillet 1794 (9 thermidor) ». De là sont issus les noms « terroriste » : « s’est dit après la chute de Robespierre de ceux qui avaient soutenu ou appliqué la politique de terreur », et « terrorisme » : « mot employé dans la période qui suivit la chute de Robespierre pour désigner la politique de terreur des années 1793-1794 ». Le Dictionnaire encyclopédique d’histoire de Michel Mourre précise que la Terreur fut « mise à l’ordre du jour » le 5 septembre 1793 par le gouvernement révolutionnaire émanant de la Convention nationale, pour intimider les « ennemis de la Nation », alors que la guerre civile s’ajoutait à la guerre étrangère. Le Tribunal révolutionnaire créé en mars 1793 appliqua des lois répressives de plus en plus expéditives, qui supprimèrent toutes les garanties d’un procès équitable et remplacèrent la notion de coupable individuel par celle de « suspect » du seul fait d’appartenir à un groupe réputé contre-révolutionnaire.

Ce premier exemple d’un terrorisme d’Etat ne correspond guère à ceux que le mot évoque spontanément de nos jours. Mais dès 1795, l’expression « Terreur blanche » désigna les actes de vengeance commis par des bandes royalistes contre les anciens « terroristes », et elle fut reprise en 1815 pour désigner les mêmes violences commises par les ultra-royalistes contre les partisans de Napoléon après la deuxième restauration du roi Louis XVIII. Ainsi, les mots terreur et terrorisme devinrent des concepts assez souples pour s’appliquer aussi bien à des violences d’Etat qu’à celles de groupes d’opposants, que les uns et les autres soient de gauche ou de droite. Suivant le Robert, « terrorisme » en est venu à signifier en général « emploi systématique de mesures d’exception, de la violence, pour atteindre un but politique (prise, conservation, exercice du pouvoir...) » et spécialement : « ensemble des actes des actes de violence (attentats individuels ou collectifs, destructions) qu’une organisation politique exécute pour impressionner la population et créer un climat d’insécurité ».
Pourtant, l’évolution du mot en concept paraît avoir été tardive. Entre 1815 et 1871, les mots terrorisme et terroristes étaient le plus souvent employés dans le sens historique se rapportant à la Révolution française. En effet, l’ordre monarchique régnait normalement en Europe, et les mouvements d’opposition libéraux, démocratiques, nationaux ou sociaux s’efforçaient de prendre le pouvoir par des combats de rues, avec barricades et fusils, espérant que l’armée se rallierait au peuple ou que le chef de l’Etat cèderait, suivant le modèle du 14 juillet 1789. La terreur au sens général de Caleb Carr était généralement le fait des pouvoirs établis quand ils se décidaient à écraser les insurrections par tous les moyens de la force militaire. Pourtant, on observe déjà plusieurs exemples d’une pratique appelée à se banaliser plus tard : l’attentat visant à supprimer un chef d’Etat par les moyens les plus meurtriers, sans se soucier d’éviter les inévitables « bavures » : ainsi l’attentat royaliste de la rue Saint Nicaise contre Napoléon Bonaparte le 24 décembre 1800, celui de Fieschi contre Louis Philippe en 1835, et celui d’Orsini contre Napoléon III en 1858, qui manquèrent tous les trois leur cible en faisant un carnage dans la foule...

Mais après 1871 (date de l’écrasement de la Commune de Paris par l’armée versaillaise, qui mit fin au prestige du modèle révolutionnaire français), de telles pratiques longtemps marginales devinrent caractéristiques d’un nouveau type de terrorisme, employé par des mouvements révolutionnaires, socialistes ou nationalistes. La supériorité de plus en plus évidente de l’organisation et de l’armement des forces armées poussèrent des petits groupes de contestataires de l’ordre établi à frapper les responsables individuels de la répression par le couteau, le revolver et surtout la bombe. Les populistes russes [3] montrèrent les premiers l’exemple à partir de 1878, et réussirent à tuer le tsar Alexandre II en 1881 ; démantelé en 1887, le mouvement terroriste reprit son action en 1901 sous la forme du « détachement de combat » du Parti socialiste révolutionnaire. Entre temps, leurs méthodes avaient inspiré l’aile extrémiste des mouvements anarchistes qui multiplièrent les attentats contre les chefs d’Etats et les représentants des classes dirigeantes dans plusieurs pays capitalistes d’Europe et d’Amérique, créant ainsi l’illusion d’une internationale terroriste. Après la révolution russe manquée de 1905, les mêmes méthodes commencèrent à se répandre dans certains mouvements nationalistes des pays colonisés, comme les Indes britannique et l’Indochine française. Mais les groupes terroristes les plus virulents avant 1914 furent sans doute les sociétés secrètes nationalistes de la partie européenne de l’Empire ottoman. D’abord l’ORIM (Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne), fondée en 1893, qui s’illustra le 28 avril 1903 par une salve d’explosions dans Salonique, synchronisées avec une tentative d’insurrection générale en Macédoine. Puis, à partir du coup d’Etat meurtrier du 11 juin 1903 à Belgrade, les sociétés secrètes panserbes (Omladina, Narodna Odbrana, enfin « L’unité ou la mort » - plus connue sous le nom de « Main noire » - dont le terrorisme anti-autrichien en Bosnie et Herzégovine aboutit à l’attentat du 28 juin 1914 à Sarajevo, qui provoqua la Première guerre mondiale. Mis aux service de nationalismes obsédés par la « purification ethnique » [4], le terrorisme était prêt à passer de la terreur sélective à la terreur massive, comme l’avaient prouvé les innombrables atrocités commises durant les guerres balkaniques de 1912 et 1913 par les armées et par les troupes irrégulières de tous les belligérants.

Pourtant, la Première guerre mondiale fut principalement un affrontement sanglant entre des armées régulières de forces approximativement égales. Les appels au soulèvement des nationalités opprimées par l’autre camp n’eurent pas grand succès, mis à part l’insurrection minoritaire des nationalistes irlandais radicaux contre les Anglais à Dublin en 1916 et la « révolte arabe » du Hedjaz contre les Turcs la même année. Les principales formes de guerre dirigées contre les civils furent le blocus maritime de l’Entente et la guerre sous marine des Puissances centrales, qui provoqua l’intervention des Etats Unis en 1917. La terreur fut pratiquée par les Allemands en Belgique et en France occupées en 1914 (contre des « « francs tireurs » imaginaires), et surtout par les Ottomans en 1915 contre la population arménienne de l’empire, sous prétexte de collaboration avec les envahisseurs russes. Mais en dehors de ces très importantes exceptions, les « lois de la guerre » qui protégeaient les combattants désarmés (blessés et prisonniers) furent assez bien respectées par les deux camps.
C’est la deuxième révolution russe de novembre 1917 (la prise du pouvoir central par le parti bolchevik de Lénine au nom des Soviets) qui remit la terreur à l’ordre du jour - comme en France en 1793 - en déclenchant une guerre civile. Lénine (dont le frère avait été pendu en 1887 pour complot contre la vie du tsar Alexandre III) avait toujours condamné le terrorisme des Socialistes révolutionnaires pour son inefficacité, parce qu’il voulait éliminer une classe dirigeante, et non des individus ; mais après s’être emparé du pouvoir par une sorte de coup d’Etat militairement organisé, il ne pouvait le conserver que par la terreur. « En principe, nous n’avons jamais rejeté la terreur », admettait-il franchement ; mais il mettait ses camarades en garde contre son abus : « notre devoir est d’avertir le plus énergiquement contre une fascination excessive de la terreur, contre une tendance à la considérer comme le moyen de lutte principal et fondamental, tendance que beaucoup sont enclins à suivre en ce moment » [5]. Le parti bolchevik, seul contre tous, gagna la guerre civile par les forces conjuguées de l’Armée rouge et de la Tchéka, implacable police politique et instrument d’extermination sociale. Il affronta victorieusement la « terreur blanche » des armées contre-révolutionnaires levées par les anciens officiers tsaristes, et même le terrorisme de ses anciens alliés les Socialistes révolutionnaires de gauche, qui tentèrent d’assassiner ses dirigeants durant l’ été 1918. Le nouveau régime fondé sur la terreur continua de l’employer contre les partis et les forces sociales hostiles à sa politique, puis à l’intérieur du parti dominant contre tous ceux que son chef Staline soupçonnait de vouloir ou de pouvoir prendre sa place. Après le mystérieux assassinat de Kirov en 1934, le crime de « terrorisme » figura en bonne place dans les actes d’accusation des procès de Moscou, instruments de la grande terreur des années 1937 à 1939.

Pendant l’entre-deux-guerres, le seul succès d’un mouvement nationaliste employant le terrorisme fut celui de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), qui obtint l’autonomie de la plus grande partie de l’Irlande avec le statut de Dominion en 1922, en acceptant le maintien de la souveraineté britannique sur la partie nord. Ce succès relatif (mais sans précédent) n’était pas dû au seul terrorisme, car les nationalistes radicaux encore minoritaires en 1916 avaient été rendus populaires par la férocité de la répression et avaient gagné la majorité des sièges aux élections de décembre 1918. Quand l’aile extrémiste de l’IRA refusa le partage de l’île, elle fut désavouée par la majorité puis échoua dans sa tentative de prendre le pouvoir par une guerre civile en 1923 ; réduite à un groupuscule, elle prolongea sans succès des attentats anti-britanniques en Irlande du Nord et dans le Royaume-Uni. Le terrorisme nationaliste persista dans les Balkans. L’ORIM réfugiée en Bulgarie continua sa lutte contre les Serbes qui avaient annexé la Macédoine au nouveau royaume de Yougoslavie, contre les dirigeants bulgares qui voulaient se rapprocher de celui-ci, et les règlement de comptes entre ses chefs [6]. La politique de terreur et de serbisation forcée du royaume yougoslave provoqua la naissance d’une nouvelle organisation terroriste croate, l’Oustacha, qui coopéra avec l’ORIM pour assassiner le roi Alexandre à Marseille en 1934. Les deux mouvements furent subventionnés et manipulés par l’Italie fasciste, qui aida également de nombreux groupuscules d’extrême droite prêts à mener des actions terroristes contre leurs ennemis ou pour le compte de l’Italie ; par exemple en France « la Cagoule » (le « Comité secret d’action révolutionnaire » d’Eugène Deloncle), tenta de provoquer un coup d’Etat militaire à l’imitation de l’Espagne franquiste par de faux attentats anti-patronaux. La guerre civile d’Espagne (1936- 1939), aboutissement d’une escalade de violences réciproques, fut accompagnée dans les deux camps de féroces épurations politiques dans la population [7].

Entre 1935 et 1945, l’enchaînement des guerres d’Ethiopie, d’Espagne et de la Deuxième guerre mondiale entraîna une banalisation définitive de la terreur et du terrorisme. Parce que les agressions des puissances fascistes provoquèrent des résistances armées, que les occupants et leurs collaborateurs locaux qualifièrent de « terrorisme » pour les discréditer ; mais les féroces représailles qu’ils leur opposèrent méritaient bien davantage ce nom. Et surtout parce que les belligérants des deux camps - d’abord l’Axe, puis les Alliés en riposte - recoururent systématiquement aux bombardements aériens visant non seulement des objectifs militaires et stratégiques, mais aussi les populations civiles des pays ennemis pour briser leur moral et leur combativité, puisque, disait Churchill, « le moral de l’Allemagne est un objectif militaire ». Après les bombardements terroristes des villes allemandes et japonaises, et après la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki par les premières bombes atomiques, les grands vainqueurs étaient mal placés pour condamner les crimes des vaincus, et pour empêcher les terroristes à venir d’imiter leur mauvais exemple avec de moindres moyens [8]. D’autant plus que désormais la paix entre les grandes puissances allait reposer sur l’équilibre de la terreur atomique, et sur la crédibilité de la menace de destruction mutuelle des populations ennemies.
Depuis 1945, le terrorisme a été pratiqué comme une arme parmi d’autres, combinée avec la guérilla et même la grande guerre, dans de nombreux conflits, notamment la guerre civile chinoise de 1946-1949 (prolongeant celle des années 1927-1936), et les deux guerres du Vietminh contre la France (1946-1954) et contre les Etats Unis (1960-1975), qui sont devenus des exemples classiques de la guerre révolutionnaire [9]. Il a été utilisé encore plus systématiquement par des mouvements nationalistes anticoloniaux comme le FLN algérien ou les organisations palestiniennes, pour pallier l’insuffisance originelle de leurs forces militaires ou pour compenser leur affaiblissement [10]. D’autre mouvements nationalistes, révolutionnaires ou islamistes n’ont jamais été assez forts pour employer une autre arme que le terrorisme. Les grandes puissances les dénoncent comme des organisations criminelles ou comme des instruments manipulés secrètement par des « Etats-voyous ». Mais la tactique des Etats Unis et de leurs alliés privilégiant les bombardements aériens pour ménager les vies de leurs soldats est, elle aussi, souvent qualifiée de « terroriste » par leurs adversaires. Existe-t-il donc des critères objectifs pour distinguer ce qui relève de la guerre et ce qui relève du terrorisme ?

La distinction n’est pas facile à faire, mais elle est possible. Le critère décisif n’est pas l’identité de tel ou tel belligérant, suivant qu’il dispose d’un Etat reconnu comme tel ou non, d’une armée puissante ou non, mais son comportement. En effet, le terrorisme est une certaine forme de guerre, mais toute guerre n’est pas du terrorisme. Le terrorisme est une forme de guerre qui ne respecte pas les « lois de la guerre » par lesquelles les Etats dits civilisés du XIXème et du début du XXème siècle s’étaient engagés à limiter leur usage de la violence dans leur intérêt mutuel, en épargnant les civils non armés et les combattants désarmés (blessés et prisonniers). Les combattants réguliers tuent d’autres combattants pour ne pas être tués par ceux-ci : ils sont en état de légitime défense réciproque. Au contraire, les terroristes s’attaquent à des adversaires sans défense ou à des innocents. C’est pourquoi leurs actes peuvent être qualifiés de crimes de guerre. Mais ils se considèrent eux-mêmes comme des justiciers ou des vengeurs des crimes antérieurs de leurs ennemis.
La délimitation n’est pas toujours évidente entre la guérilla, qui utilise la ruse ou la surprise pour frapper l’adversaire avant qu’il ait pu réagir, et le terrorisme. D’autant plus qu’elle ne s’en prend pas seulement à des soldats ennemis, mais aussi à des « traîtres » qui prennent leur parti ouvertement ou secrètement. On peut également remettre en question l’unité du terrorisme, qui rassemble sous le même concept des attentats sélectifs, visant des ennemis ou des « traîtres » identifiés comme tels, et des attentats aveugles frappant des innocents au hasard. Mais on peut répondre à cette objection que l’unité du terrorisme est assurée par l’acceptation sans scrupule des « dégâts collatéraux » [11], et que même les attentats aveugles ont une cible collective. L’histoire des mouvements terroristes montre généralement une dérive : ils commencent par tuer des ennemis et des « traîtres » pour leurs actes, puis pour leurs opinions, et enfin pour leur appartenance volontaire ou naturelle à un groupe considéré globalement comme ennemi.

Les terroristes se présentent de plus en plus souvent comme des volontaires de la mort (en arabe, fidayin) ou des martyrs (chouhada) ; mais, même dans le cas des attentats-suicides cet euphémisme camoufle le véritable but de leur action. Le terrorisme vise un double effet : tuer ses victimes directes, et paralyser la volonté de résistance des survivants et de tous ceux qui en sont solidaires en les terrorisant. Ce résultat est censé justifier le terrorisme, parce qu’il serait le seul moyen efficace de procurer la victoire à des mouvements trop faibles pour affronter militairement, à armes égales, leurs ennemis. En réalité, la terreur ne peut briser la combativité du camp adverse que si celui-ci se sent écrasé par une force incontestablement supérieure. Le terrorisme du faible contre le fort produit généralement l’effet inverse : il crée un désir de vengeance qui durcit la résolution de venir à bout des terroristes par tous les moyens. Certains stratèges du terrorisme anticipent cette réaction, en provoquant délibérément des représailles aveugles par des attentats aveugles pour accélérer le ralliement autour d’eux du peuple qu’ils prétendent défendre et venger. C’est pourquoi le FLN algérien est passé en 1955 et 1956 du terrorisme sélectif de ses débuts au terrorisme de masse ; mais il a du même coup retardé sa victoire en faisant de la masse des Français d’Algérie une force irréductiblement hostile à sa cause. La majorité des métropolitains se sont résignés à l’indépendance négociée avec le FLN pour mettre fin à la guerre, mais l’auraient-ils acceptée si le FLN avait pratiqué à Paris le même terrorisme qu’à Alger ? La Fédération de France du FLN a mieux servi sa cause en limitant son usage de la violence. De même, l’imitation de la stratégie de provocation du FLN par l’OAS contre les Algériens musulmans en 1962 à Alger et à Oran ne pouvait que se retourner contre elle, étant donné le déséquilibre du rapport des forces (10 musulmans contre 1 Européen) [12].

Ainsi, l’usage illimité de la violence ne peut donner la victoire qu’à ceux qui sont déjà les plus forts. Les plus faibles ont intérêt à le limiter pour inciter leur ennemi à consentir à un compromis. L’idée que le terrorisme puisse leur donner la victoire n’est qu’une croyance irrationnelle, une funeste illusion. Quant à l’argument de Frantz Fanon, suivant lequel la « violence absolue » serait nécessaire pour libérer et pour désintoxiquer les « damnés de la terre » [13] de l’agressivité accumulée en eux par de longues années d’oppression, c’est un triste sophisme : si sa théorie avait été juste, l’Algérie (par exemple) devrait être aujourd’hui le pays le plus libre et le plus heureux du monde.
Guy Pervillé
[1] Traduction française, Paris, Presses de la Cité, 2002, 266p.
[2] Caleb Carr, op. cit., p. 16.
[3] Franco Venturi, Il populismo russo, traduction française : Les intellectuels, le peuple et la Révolution, Paris, Gallimard, 1972, 1166p.
[4] Le nettoyage ethnique, Documents historiques sur une idéologie serbe, rassemblés, traduits et commentés par Mirko Grmek, Marc Gjidara et Neven Simac, Paris, Fayard, 1993, 340 p.
[5] Cité par Caleb Carr, op. cit., p.175.
[6] Cf. le reportage d’Albert Londres, Les comitadjis, ou Le terrorisme dans les Balkans, Paris, Christian Bourgois (10-18), première édition dans Le Petit Parisien, octobre 1931.
[7] Cf. Georges Bernanos, Les grands cimetières sous la lune, Paris, Plon 1938, Le livre de poche n° 819-820.
[8] « Donnez moi vos avions, je vous donnerai mes couffins » (servant à transporter des bombes), aurait dit au colonel Bigeard son prisonnier Larbi Ben M’hidi, chef du FLN d’Alger.
[9] Mais les écrits militaires de Mao et de Giap n’ont pas servi de modèle aux chefs du FLN, qui les connaissaient très mal et s’inspiraient d’exemples très divers. Cf. Charles-Robert Ageron, « Les guerres d’Indochine et d’Algérie au miroir de la ‘guerre révolutionnaire’ », dans L’ère des décolonisations, Paris, Karthala, 1995, pp. 47-66, et le témoignage de Hocine Aït-Ahmed, Mémoires d’un combattant, L’esprit d’indépendance, 1942-1952, Paris, Sylvie Messinger, 1983, p. 133.
[10] Selon les rapports de synthèse du Deuxième bureau de l’armée française, l’usage du terrorisme par le Vietminh et par le FLN était inversement proportionnel à la puissance militaire de ces organisations.
[11] Albert Camus, qui avait traité dans sa pièce Les justes les cas de conscience des populistes russes, dénonçait le terrorisme du FLN comme un crime : « sous la forme où il est pratiqué, aucun mouvement révolutionnaire ne l’a jamais admis et les terroristes russes de 1905, par exemple, seraient morts (ils en ont donné la preuve) plutôt que de s’y abaisser » (Avant-propos de Chroniques algériennes, Gallimard 1958, in Essais d’Albert Camus, présentés par Roger Quilliot, Gallimard, 1965, p. 894).
[12] Cf. Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, pp. 142-152, et 209-213.
[13] Les damnés de la terre, préface de Jean-Paul Sartre, première édition, Paris, Maspéro, 1961.

Lien source :
​http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=68&var_recherche=TERRORISME

​LE FLN FUT TERRORISTE
PAR JEANMONNERET · 8 AOÛT 2017

Mme Nicole Guiraud a perdu un bras en automne 1956 à la suite d’un attentat commis par le FLN au Milk-Bar à Alger. Elle a été invitée à témoigner au 7ème Colloque de l’Association Française des Victimes du Terrorisme à Paris. Fureur du FLN algérien qui craint d’être ainsi stigmatisé comme une organisation terroriste. Il a donc fait donner quelques associations satellites pour dénoncer l’invitation de Mme Guiraud.

A cette occasion, il est intéressant d’examiner l’argumentation employée par le FLN et ses sympathisants pour nier le caractère terroriste de son activité durant la guerre d’Algérie. Mme Flici, secrétaire générale de l’ONVT (Organisation Nationale algérienne des Victimes du Terrorisme) reproche à l’association française de ne pas faire de « distinction entre le terrorisme et les actions de lutte pour la libération du peuple algérien du colonialisme criminel et barbare « . Un peu auparavant, elle avait écrit dans son communiqué: « En tant que fille de chahid (cad de combattant du FLN tombé au combat) je n’accepterai jamais qu’on cite le FLN comme organisation terroriste alors que la lutte armée durant la guerre de libération était sacrée et noble… »

IL Y A LA UNE CONFUSION CARACTÉRISTIQUE.
Je ne pense pas personnellement que la lutte du FLN était sacrée et noble. Mais peu importe en l’occurrence. Cette dame, elle, le croit. Il n’en demeure pas moins que son raisonnement repose sur un syllogisme grossier: La cause était sacrée et noble DONC les moyens utilisés ne peuvent pas avoir été ignobles. On pourrait sourire si la matière n’était grave. Car, la plus sacrée des causes (et celle du FLN reste ouverte à bien des contestations de ce chef) sera ,en tout état de cause, discréditée par le recours au Mal.
En d’autres termes,la fin ne justifie pas les moyens.
Il y a belle lurette que cette thèse a été réfutée dans notre vieille Europe par tous ceux, écrivains, prêtres, théologiens, philosophes qui se sont préoccupés de morale…….
Albert Camus leur a jadis prêté sa voix: « Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente où le tueur sait d’avance, qu’il atteindra la femme et l’enfant. »
Nicole Guiraud est donc l’incarnation vivante du déshonneur du FLN. On comprend dès lors qu’il ne soit pas content.
Ceci est difficile à saisir par les soutiens du FLN. Il s’est même trouvé un allemand (dont il vaut mieux oublier le nom) pour juger inévitables les actions terroristes contre les Européens pendant le conflit algérien. Selon lui, la majorité de cette population soutenait le colonialisme; il était donc justifié de s’en prendre à elle. Laissons ce malheureux à ses horribles divagations.
Une certaine Mme Benhabylès, ex-ministre algérienne, a également publié un communiqué sur le même sujet. Elle, s’insurge: « Ils qualifient, dit-elle « nos résistants et moujahidines de terroristes« .

Or, le tueur qui sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant, et agit ainsi peut bien être appelé « résistant » par des idéologues, il reste un tueur.
La même dame pose plus loin une étrange question: « Dit-on de Jean Moulin qu’il était un terroriste? »
Non, évidemment, car J. Moulin n’a jamais commandé d’attentat comme ceux du Milk Bar, de la Cafétéria ou comme le massacre de Mélouza. La Résistance française a commis des erreurs. Elle n’a jamais eu recours au terrorisme en faisant périr sciemment des civils innocents visés en raison de leur origine ethnique ou religieuse.
JEAN MONNERET
1er août 2011


Mars 1955 : rencontre MNA-FLN à Alger. Abane Ramdane exige la dissolution du MNA et le ralliement individuel de ses membres au FLN, seuls direction politique de l’ALN. refus du MNA, sans un programme.
Juin 1955 : Abane Ramdane ordonne à Amirouche d’intégrer de force les maquis messalistes de Kabylie. Liquidation des maquis MNA de Dra el Mizan, Bouira, les Ouadhias, Seddouk, le Guergour guenzet. Massacres des cadres et intégration forcée des Djounouds dans le FLN.
A Alger, Yacef Saadi recrute, dans la pègre , des commandos qui assassinent les dirigeants messalistes.
Octobre 1955 : Assassinat de Chihani Bachir, qui s’était coupé du FLN et du Caire , par Adjoul-Adjoul et Laghrour-Abbés, en contact avec Krim Belkacem et Abane Ramdane.
Novembre 1955 : structuration de la pègre d’Alger par Yacef Saadi et Ali la Pointe. Guerre contre le MNA pou le contrôle de la Casbah. Massacre de dizaines de cadres.
Au Maroc, disparition d’Ouslebir et liquidation de tous les cadres MNA par le FLN.
Mai 1957 (28 et 29) : à Melouza, 300 civils messalistes sont massacrés par le FLN. Très large condamnation en France et dans le monde, à l’exception du Lobby FLN ( Mendessistes, progressistes , chrétiens, neo colonialistes de jacques Chevallier. Soutien du Monde, France Observateur, l’Express et Témoignage Chrétien ).
Septembre 1957 ( 20) : Assassinat par le FLN, de A. Semmache, responsable USTA de la région parisienne.
Assassinat par le FLN , de Mellouli Saïd ( Renault- USTA) et Hocine Maroc ( Panhard-USTA).
Octobre 1957 ( 27) : Assassinat d’A. Bekhat, Secrétaire général USTA. Condamnation du crime par la CISL. Vague de protestations contre le meurtre de syndicalistes algériens par le FLN ( SNI, FEN, Nouvelle gauche, UD-FO Nantes). Création ‘un comité d’organisation des obsèques de Bekhat ( Lauré, Ruff, Lapeyre, Houdeville ). Le PCF et la CGT refusent de condamner les meurtriers des syndicalistes USTA.
Novembre 1957 : protocole Bellounis entre l’Armée française et l’Armée Nationale populaire. (ANPA)
Décembre 1957 ( 13) : obsèques de Filali, secrétaire général adjoint de l’USTA, assassiné par le FLN.
Juillet 1958 (14) : mort de Bellounis.
Janvier 1959 : campagne du FLN dénonçant le « contre-révolutionnaire Messali. »
Mai 1959 : Adji ( Antar), responsable USTA de la région parisienne , tué par le FLN. Protestation du « comité de solidarité et de défense des syndicalistes algériens. » .
Septembre 1959 ( 17) : Attentat FLN contre Messali Hadj. Son garde du corps Ali Djouadi meurt en le protégeant de son corps. Dans France soir, déclaration des 2 tueurs « Rien ne peut être résolu autrement que par la force. C’est pourquoi nous continuerons les attentats. Jamais aucune entente ne se fera entre Ben Bella, Ferhat Abbas et Messali Hadj. Le FLN seul a droit à la parole. Nous ferons tout pour qu’il en soit ainsi. ».
Juillet 1962 : Messali Hadj dissout le MNA et crée le Parti Populaire Algérien (PPA)
Septembre 1962 : envoi en Algérie d’une délégation du PPA, pour les élections. Arrestation de ses membres et de nombreux militants.
Novembre 1962 ( 1er) : arrestation du chef du PPA en Algérie, Moulay Merbah, ancien secrétaire gégénral du MTLD. Interné et torturé par la police de Ben Bella, à la Maison centrale de Berrouaghia.
1974 : Mort à Paris à 76 ans de Messali Hadj.

Si la rébellion avait été ce mouvement de tout un peuple avide d'indépendance et fanatisé par la Guerre Sainte, c'est une masse de millions de musulmans qui en aurait terminé en quelques heures avec la présence française. Or, aux pires moments de la révolte, le FLN n'a jamais pu aligner plus de 40 000 combattants.
  • Les Harkis au service de la France (1963), Saïd Boualam, éd. France-Empire, 1963, p. 138​
  • The Harkis at the service of France (1963), said Boualam, Ed. France-Empire, 1963, P. 138

​                                LA BLEUITE, Le FLN empoisonné de l’intérieur

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​Fin 1957, après la bataille d'Alger, le FLN de la capitale est exsangue et ses chefs morts ou en prison. Amirouche, le chef FLN de la wilaya III (Kabylie), entre en contact avec le dernier survivant des chefs d’Alger, Ghandriche, dit Safy (le Pur). Il le charge alors de reconstituer son réseau aux côtés de deux autres hommes, Hani Mohamed à Alger et Kamal dans le maquis. Mais Safy et Hani sont des «retournés», des «bleus de chauffe»1 manipulés par le capitaine Paul-Alain Léger2. Du coup, c’est ce dernier qui dirige la réorganisation du Front et décide des lieux des attentats antifrançais! Bien sûr, les nuits d’Alger redeviennent calmes. Pour donner le change au FLN, Léger organise tout de même quelques attentats, peu graves, notamment contre son propre quartier général. Et fournit, via Hani, quelques armes à la wilaya III. Grâce à ses informateurs, le capitaine parvient aussi à réduire à néant le dernier atelier de fabrication de bombes du FLN.
Mais son coup de maître a pour nom Rosa, surnom de Zohra Tadjer. En janvier 1958, Léger approche cette jeune militante FLN qui vient d’être arrêtée. Il s’arrange pour mettre à sa portée les noms de quelques-uns des bleus de chauffe, en étoffant la liste de militants qui n’ont absolument pas trahi le Front. Puis il la libère. Elle se précipite dans le maquis pour prévenir ses camarades qu’ils sont infiltrés, mais elle est arrêtée par Hacène Mahiouz, chef FLN de la zone.
Mahiouz, combattant plutôt fruste, est plein de méfiance à l’égard de ces filles qui se targuent de libérer l’Algérie. Il fait torturer Rosa. Elle livre tous les noms des bleus de chauffe fournis par Léger, les vrais comme les faux. Mahiouz prévient aussi tôt Amirouche. Celui-ci, fou de rage, en déduit que toute la wilaya est infiltrée et lui ordonne de couper les branches pourries.
Pour ce faire, il décide alors d'un plan de riposte, comme suivants:
  1. Procéder à l'arrestation de tous les jeunes en provenance d’Alger.
  2. Interdire tout recrutement.
  3. Installer dans l'Akfadou, un centre d'interrogatoires.
  4. Désigner une équipe chargée de mener les enquêtes.
  5. Désigner un groupe devant veiller sur la sécurité et de ramener suspects, après avoir procédé à leurs arrestations.
  6. Nommer un tribunal chargé de juger les inculpés.3
Hacène Mahiouz qui sera très vite connu sous le nom de (Hacène  la Torture) déclenche alors une campagne de purges sanglantes, dès Mars-Avril on exécute a tour de bras en Kabylie.
Il s’en prend aux nouveaux, ces jeunes issus de milieux favorisés, ces «intellectuels» des villes montés au maquis après la répression française à Alger en 1957. Étudiants, médecins, infirmières. Rien que dans la wilaya III, Mahiouz, déterminé à soigner la «bleuite», dresse une liste de 3000 «suspects» qui seront interrogés, torturés et égorgés pour la plupart.
Littéralement obsédé par l'idée du complot bleu, Amirouche tente de mettre en garde ses homologues au sujet de "la découverte d'un vaste complot ourdi depuis de longs mois par les Services secrets français avec la complicité d'éléments les plus divers" dans un message adressé aux colonels de l'intérieur et au CCE, le 03 août 1958.4
En Kabylie et dans l'Algérois, des centaines de combattants du FLN périront sous les couteaux de leurs propres camarades. C’est la guerre psychologique poussée jusqu’à son paroxysme. Un modèle d’opération d’intox et d’infiltration. Le capitaine Léger n’en avait jamais espéré autant...
Cinquante ans après l'indépendance, Aït-Mehdi Mohamed Amokrane s'indigne encore: "Il est sûr que, partis pour mourir, pour la gloire et l'honneur, ils furent affreusement mutilés et achevés avec l'étiquette de traîtres".
Il ajoute: "Malgré le silence et la discrétion qui entouraient ces évènements, des rumeurs me parvenaient parfois. On parlait des bleus, chose que je ne comprenais pas. Tous les Djounoud parlaient de bleuite. Ils étaient tous convaincus que tout ce monde qui avait été torturé avait trahi. Cependant et très souvent, ils doutaient, car il s'agissait souvent d'hommes exemplaires".
Il conclut: "Un grand malheur s’abattait sur la wilaya III qui détruisait les siens et s’acharnait sur eux avec la bonne volonté du Comité de Wilaya et de certains secrétaires également pris au piège de l’ennemi qui, sûrement informé de ce qui se faisait, n’entreprenait aucune opération de ratissage".5
Puis il s'intéroge: "Peut-on -à ce stade- en déduire que toute la responsabilité incombait au colonel Amirouche?"
La responsabilité de tout ces morts revient à l’armée française selon l'avis de Abdelhamid Mehri, qui se confie dans un témoignage.6
Mais aussi aux responsables de la wilaya III qui ont persuadé le colonel Amirouche de l'existence d'un complot contre la révolution, qui géraient les interrogatoires, les tortures, etc... dont Hacène Mahiouz ou encore Rachid Adjaoud, détiennent une grande part de responsabilité, selon Aït-Mehdi Mohamed Amokrane.
Il avait peut-être subi l’influence de ses conseillers trop zélés? Que les membres du conseil de Wilaya qu’il avait consultés auparavant ont approuvé son action ou n'ont pas exposé clairement leur opposition, mais il est vrai aussi qu'Amirouche ne pouvait, pour toutes ces raisons, être dédouané de tous ces massacres. En tant que chef de Wilaya, il en porte l'entière responsabilité devant l'Histoire. Il n’avait pas le droit, à son niveau, de commettre une telle bavure [...] selon Djoudi Attoumi, responsable ALN au PC de la wilaya III.
Le nombre des victimes de la bleuite quant à lui ne fait pas l'unanimité entre témoins et chercheurs, le chiffre va très souvent varier entre 300 et 700, selon différentes sources, mais qui du côté français le général Jacquin évoquait "2500 rebelles exécutés après jugements, mais il eut aussi beaucoup d'exécutions sommaires..."7 une évaluation similaire qui fera état de "près de 2000 morts" sera cité par Mohammed Harbi, sur fond d'un rapport de Hocine Zahouane au GPRA daté du 29 juin 1960.8
Face a la question des chiffres, au moins pour Rachid Adjaoud -alors membre du «comité d’épuration»- la réponse est sans faille, "Les ministères des Moudjahidine et de la Défense nationale détiennent, avec exactitude, le nombre des personnes qui ont été épurées".9
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  1. Bleus de chauffe: Rebelles "retournés" travaillant en secret pour les services français. Le surnom vient des vêtements de travail bleus arborés en guise d'uniforme par les hommes du groupement de renseignement et d'exploitation, organe secret de l'état-major Alger-Sahel diriger par le capitaine Léger.
  2. Capitaine Leger: para de la France Libre, formé en Indochine à la lutte antisubversive, Léger est aussi passé par la “Piscine”, le siège du Sdece à Paris. A l’opposé des tortionnaires qui arrêtent, font parler puis «liquident», Léger, parfait arabophone, repère parmi les militants arrêtés ceux qu’il sent craquer et les convainc d’agir contre leur camp. «Un dingue du coup tordu», comme le décrira l’écrivain et journaliste Yves Courrière. Paul-Alain Léger est décédé en 1999.
  3. Le colonel Amirouche, Entre légende et histoire, Djoudi Attoumi.
  4. Complots et purges dans l'armée de libération algérienne (1958-1961), Charles-Robert Ageron
  5. Le dure et invraisemblable parcours d'un combattant: Aït-Mehdi Mohamed Amokrane.
  6. Mehri parle de Mellouza et de la Bleuite
  7.  Complots et purges dans l'armée de libération algérienne (1958-1961), Charles-Robert Ageron,télécharger ici
  8. Selon le professeur Si Smaïl responsable du service informalion de la wilaya III la bleuite a fait près de 2000 morts.
  9. Rachid Adjaoud raconte la bleuite
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1956 de gauche à droite, Krim Belkacem et Amirouche Aït Hamouda ; derrière eux, Saïd Mohammedi et Mohand Ouidir Azirou.
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Mohammedi Said, un ex-Nazi au maquis de la révolution algérienne
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Saïd Mohammedi,à gauche(connu aussi sous son nom de guerre Si Nacer), né en 1912 à Aït Frah, commune de Larbaâ Nath Irathen, 1994 à Paris, fut l’un des dirigeants de la Révolution algérienne, en tant que colonel de l’Armée de libération nationale (ALN) en Wilaya III durant la guerre d’indépendance. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est d’abord aspirant de l’armée française. Il s’engage ensuite dans la Waffen-SS et laLVF et combat sur le front russe1. Mohammedi Saïd avait été militant de l’Étoile nord-africaine, du PPA et du MTLD. En 1956, il assurera la sécurité et le bon déroulement tout en participant au congrès de la Soummam, à l’issue duquel il devient colonel, commandant de la Wilaya III . En mai 1957, il organise le massacre de Melouza, bourg passé sous l’influence du Mouvement national algérien (MNA). Après avoir pris d’assaut le douar, tous les hommes du village (315) sont massacrés.
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Mostefa Ben Boulaïd, né le 5 février 1917 à Arris et mort le 22 mars 1956 dans le massif des Aurès, est un militant nationaliste algérien, un des fondateurs du Front de libération nationale en 1954, commandant de la zone Aurès au début de la guerre d'Algérie.
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Dans le documentaire Les années algériennes de Benjamin Stora, diffusé la première fois en septembre 1991 sur Antenne 2, le colonel Saïd Mohammedi reconnaît avoir donné l’ordre d’exécuter les villageois de Melouza, vus comme des traîtres.
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Militant du Parti du peuple algérien (PPA)2, il participe aux manifestations du 8 mai 1945 à Sétif. Il est arrêté à plusieurs reprises et emprisonné à la prison de Barberousse.

Libéré de prison à la fin de la Seconde Guerre mondiale[Quand ?], fidèle partisan de Messali Hadj, il devient responsable du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques pour tout l'arrondissement de Bordj Bou Arreridj.

Il adhère au parti du Mouvement national algérien et se distingue par son action[Laquelle ?] contre le FLN en Kabylie, puis dans la région de Djelfa. Jouissant d'une influence dans l'arrondissement de Bordj Bou Arreridj, il gagne le maquis en avril 1955, et y crée son propre maquis. Il dispose de plus de 1 200 fusils et 40 000 cartouches, et prend la direction du « foudj Bellounis » au douar Hizr, en Kabylie. Un an après, il dispose d'un demi-millier de combattants.

Le massacre de Melouza perpétré par le FLN lui fait comprendre l'impérieuse nécessité de trouver un allié. Il se tourne donc vers les Français. Jean Combette, capitaine d'une SAS, noue les premiers contacts avec lui. Une alliance militaire est conclue : Bellounis s'engage à se rallier à la France à la condition que l'État français ne traite plus avec le FLN

Il fonde au printemps 1957, l'Armée nationale du peuple algérien (ANPA), soutenue financièrement et militairement par le gouvernement français6. Il reçoit une aide logistique qui lui permet d'étoffer son groupe armé. Avec environ 3 000 hommes, il est actif sur un secteur d'environ 80 000 km2, d'Aumale à Aflou et collabore avec les parachutistes du 11e choc dirigés par le capitaine Rocolle. Devenu « général en chef » et très imprégné du modèle de l'armée française dont il est issu, il entreprend de le copier strictement à son maquis en en reprenant les grades, l'articulation et même la bureaucratie7. Mais l'attitude de Bellounis ne fait pas l'unanimité dans son propre camp et certains messalistes crient à la trahison. D'après les services de renseignement français, le « général en chef », après l'installation de son PC à Diar-el-Chioukh, « travaille énormément, se lève de bonne heure, s'enferme dans son bureau à 9 heures, prend son repas vers 5 heures et travaille tout l'après-midi. Il est difficile de savoir qui pénètre chez lui, car le secret est bien gardé [...] II a été l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat, mais il est bien gardé, et tout visiteur, même officier, est fouillé et désarmé avant de lui être présenté. »
En 1958, sa garde rapprochée est d'ailleurs confiée à ses proches. Le « général en chef », dont les méthodes autoritaires et brutales sont bientôt connues, voit ses officiers supérieurs tenter de lui ravir son pouvoir, entraînant la désagrégation de son armée.
Son despotisme, ses exactions dressent contre lui les populations. Devenu plus gênant qu'utile, et incontrôlable, les Français décident, sur ordre du général Raoul Salan8, d'arrêter là l'expérience et de désarmer l'ANPA. Ayant abandonné son PC le 25 juin 1958, il est abattu vraisemblablement le 14 juillet 1958 au mont de Zemra (actuellement commune de Temsa) ex-douar de Ras Dabae (actuel Sidi Ameur) près de Bou Saada, par des éléments du 3e RPIMa. Si on sait qu'il était alors habillé en bédouin, montant un cheval et conduisant des chameaux, les circonstances exactes de son décès restent mystérieuses.
Son cadavre est exposé un peu partout. Les rescapés de l'ANPA, quelques centaines d'hommes, se réfugient dans les montagnes sous les ordres d'un chef MNA, Si Meftah, les autres se rallient au FLN. Ces derniers seront les premiers à être éliminés en 1959, lors des purges déclenchées par « la bleuite » qui a ravagé les maquis des wilayas III et IV.
De fait, seuls les responsables du MNA de France, rendent hommage à ce combattant du messalisme, grand admirateur d'Abd el-Kader, et qui se voyait sans doute succéder au vieux leader Messali Hadj, pour prendre la tête d'une Algérie indépendante.

Avant de s'enfuir dans la montagne, Si Mohammed BELLOUNIS devenu le "Général FALAN" et qui a été tué récemment par les forces de l'ordre, avait fait exécuter une grande partie de ses hommes qui désiraient rester fidèles à la France - au nord de Diar El Chioulh plusieurs charniers ont été découverts dont certains contiennent jusqu'à 75 cadavres en uniforme, assassinés les mains liées derrière le dos
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Témoignage de Djilali Mohand Bentoumi sur le massacre de Valée.
Je m’appelle Djilali Mohand Bentoumi, j’ai 32 ans et je parle bien le français puisque j’ai été à l’école de M. Petitjean. J’étais caporal en Indochine pendant deux ans, mon père était adjudant au RTA et avait participé au débarquement de Provence
Le 21 Mai 1956, je gardais les moutons non loin de ma Mechta El Garoubia près du village de Valée (Philippeville), j’avais vu en début d’après-midi, une colonne d’une vingtaine de fellaghas qui longeait en contre bas l’Oued et qui se dirigeait vers la mechta.
J’ai eu le sentiment que quelque chose allait arriver, j’ai réuni toutes mes chèvres et me suis dirigé vers la mechta. Lorsque je suis parvenu sur la colline, j’ai assisté impuissant au massacre de ma famille, ma mère,Safia, ma femme Leila 21 ans, mes deux sœurs Zinia 17 ans et Dounia 12 ans, ma tante Habiba et ses deux filles Latifa 10 ans et Nabila 8 ans, étaient violées devant mon père et mes oncles attachés à des arbres,Les deux plus jeunes garçons, mes cousins âgés de 6 et 4 ans ont aussi été violés puis ils ont été éventrés devant tous les habitants de la mechta.
Mon frère Riad âgé de 17 ans s’est rué sur un fellagha et il a été abattu d’une balle dans la tête.
J’ai reconnu être une connaissance du douar de Saf Saf, C’est à partir de ce moment que le massacre à commencer comme des bêtes sauvages, ils se sont rués sur les enfants et leurs ont coupés les oreilles, un bras, et ensuite ils ont écrasés les têtes contre les arbres et ceux qui n’étaient pas morts ils les égorgeaient.
Mes oncles ont été émasculés pendant qu’ils se tordaient de douleurs on leur a obligé d’ouvrir la bouche et de tenir leur sexe dedans, s’ils les crachaient, ils avaient soit le nez coupé ou les oreilles ou bien la langue, ils savaient de toutes les façons qu’ils allaient mourir
Mon père était le chef du village, il se devait donc de mourir en dernier après avoir vu tous ce qu’il aimait mourir dans d’horribles souffrances mentales et physiques.
Chacune des femmes ont été torturées et ma tante a été empalée avec une branche de cactus, elle criait de souffrances, si fort que je l’entends toutes les nuits, son calvaire a duré plus de deux heures et en ait morte.
Ma femme Leila qui était enceinte a subi le plus d’outrages, ils savaient à qui ils avaient à faire, afin que sa mort soit la plus horrible ils lui ont crevés les yeux et l’ont éventrée, le bébé gisait à côté d’elle, pour finir ils l’ont brulée petit à petit. Je l’ai vu mourir.
C’est à ce moment-là qu’ils se sont aperçus que je n’étais pas prisonnier et cinq fellaghas sont partis à ma recherche, je me suis dissimulé dans une cache que l’on avait construit à tout hasard et c’est là que j’ai retrouvé trois de mes frères et un petit voisin.
Les fellaghas sont passés tout près de nous et j’entendais tous ce qu’ils disaient, entre autre de ne laisser aucun survivant de nos trois familles, et de toute façon ils reviendraient pour finir le travail, c’est là que j’ai entendu prononcer le nom de Zighoud Youcef de Condé-Smendou par un de ses lieutenant le dénommé Debbah, du Ksar Sbahi
Je suis ressorti pour voir ce qui se passait et la boucherie sur les femmes éventration et égorgement, des flaques de sang partout. Soudain, les cris se sont tus et les fellaghas sont repartis aussi rapidement qu’ils étaient arrivés, on entendait que des gémissements, j’ai dû abréger les souffrances de Latifa et de mon frère Riad.
J’ai attendu qu’ils se soient bien éloignés avant de me risquer dans la mechta, tous les habitants étaient terrorisés, ils pleuraient devant leur impuissance à sauver qui que ce soit. Je me suis penché sur toutes les victimes et j’ai constaté avec dégout que mon père avait été torturé de la pire des façons, ils lui avaient coupé le nez,


les oreilles, les lèvres ensuite les deux bras puis ils lui avaient enlevé les deux yeux et comme cela ne suffisait pas, ils l’ont égorgé et décapité, sa tête était empalée sur un cactus.
Je n’ai rien pu faire qu’à sauver ma peau, Avec l’aide des habitants, nous avons réunis tous les morts et je me suis dirigé vers le village de Valée qui n’est distant que de quelques kilomètres ou j’ai rencontré le garde champêtre qui a prévenu l’armée de Philippeville.
L’armée est arrivée rapidement sur les lieux, le lieutenant Casimirius de la SAS de Valée (que je connaissais bien parce qu’il venait souvent nous soigner à la mechta) et beaucoup de soldats ont vomi, ils ont pris des photos et nous ont aidés à enterrer nos morts et ont recueilli mon témoignage, les autres habitants n’ont rien dit à cause de la peur.
Le lendemain, j’ai été au douar de Saf Saf, j’ai été dans la maison de Oufkir, je l’ai tué ainsi que deux autres que j’ai reconnu, à sa mère et son père qui le pleuraient, je leur ai dit qu’ils avaient beaucoup de chance que je n’accomplisse pas ce que son fils et les mécréants avait fait subir à ma famille.
Les fellaghas était venu afin de tuer toute ma famille qui avait une tradition de soldats depuis 1870 ou mon arrière-grand-père a fait la guerre, à chaque génération, il y a eu des militaires dans ma famille, nous étions tous français et c’est ce symbole que les tueurs sont venus détruire.
C’était le 26 Mai 1956.
En juillet 1956, Je me suis réengagé dans la Formation du Commando Expérimental “Chouff” du Colonel Duval,
commandant le G.A.T.A.C. n°1 de Constantine, j’ai rejoint le Centre d’Entrainement “Jeanne d’Arc” à Philippeville. Fin août, nous étions opérationnels. Mon chef était le capitaine Souêtre
En tant que pisteur, j’étais très souvent sur la route avec le soldat de 1° classe Faudel qui comme moi a eu sa famille massacrée à Feraoun, je ne dormais plus car je voulais à tout prix la peau de Zighoud Youcef, j’obtenais des informations par les habitants des mechtas et des douars car je me présentais à eux en tant qu’acheteur de moutons (ce que je connaissais le mieux), Il ne m’a pas fallu plus de 15 jours pour localiser sa katiba et je l’ai pisté jusqu’à Sidi Mesrich où je savais qu’il devait s’y rendre.
En contact régulier avec mon chef, j’ai transmis cette information et avec le soldat Faudel nous avons été récupéré par les commandos du GCPA 541 et le 24 septembre 1956, avons mené une embuscade, le combat a été rude car il s’était déplacé avec sa katiba complète soit 80 djoundis bien armés, nous l’avons localisé au sein de sa Katiba, isolé, là nous l’avons blessé je me suis approché de lui, je lui ai dit que j’allais le tuer car il avait fait tuer ma famille et je lui ai tiré une balle dans la poitrine, il en est mort, au total il y a eu plus de cinquante djoundis mis hors de combat tués et blessés. J’ai reconnu parmi les morts beaucoup de ceux qui avaient participé au massacre de ma famille notamment un de ses lieutenants Ali
Ma vengeance a été satisfaite pour ceux que j’ai perdu mais mon esprit n’est pas pour autant apaisé, je vivrais toute ma vie avec le poids de ce massacre.
Témoignage recueilli
le 5 Janvier 1957, par le lieutenant CommandoVASSEUR Albert du GCPA 541


Albert VASSEUR est né le 28 mars 1923 à Cateau (Nord). Engagé dans l’Armée de l’air le 26 septembre 1941 au titre du personnel non navigant du service général, il est affecté au Groupe de chasse 2/8 à Marignane jusqu’à sa démobilisation le 30 novembre 1942.
En avril 1944, il rejoint les Corps francs du Puy-de-Dôme et participe aux combats pour la libération de la France. De retour dans l’Armée de l’air en octobre 1944, fusilier de l’air, il est admis à l’Ecole militaire de l’air en 1949 dans le corps des officiers des services administratifs de l’air.
Volontaire pour servir en Algérie qu’il rejoint en mai 1956, il est breveté parachutiste militaire et, le 1er juillet 1957, affecté au Groupe de commandos parachutistes de l’air 15/541.
Il participe à toutes les opérations de son unité et trouve la mort le 11 décembre 1957 lors d’un engagement contre une très forte bande rebelle.
Le Lieutenant Vasseur était chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre 39/45 et de la Croix de la valeur militaire avec deux palmes.
Son nom a été donné à la Base aérienne 122 de Chartres

Ahmed Simozrag, 11 mars 2012,témoignage sur un massacre de Messalistes à Ouled Djellal

Depuis mon récent témoignage sur les massacres perpétrés par le Colonel Mohammed Chaâbani à l’encontre de plusieurs centaines de jeunes combattants du mouvement national algérien (MNA) après l’indépendance, je suis exposé à des attaques insensées comportant des propos mensongers et diffamatoires de la part des partisans et complices de ce dernier.

En raison de ce témoignage que j’ai rendu uniquement pour la face de Dieu qui a dit : « Ne dissimulez pas le témoignage. Quiconque le dissimule commettra un péché en son âme et conscience » (Coran 2:283), je suis traité de tous les noms, y compris par des anciens frères d’armes et amis, ce qui prouve que la Vérité n’est pas toujours facile à dire, et c’est pourquoi une bonne partie de l’histoire est dissimulée ou totalement déformée.

On fait circuler ces jours-ci une vidéo sur Youtube avec mon nom comme titre où il est dit, entre autres accusations, que je serais un faux Moujahid de la Willaya 6 qui critique le Colonel Chaâbani (en traitant avec respect le Général Mohamed Bellounis).

Ce que j’ai affirmé sur ces assassinats n’est pas un simple ouï-dire ; en ma qualité de témoin oculaire, j’ai rapporté cet événement tel qu’il s’est réellement déroulé, au lieu de me laisser emporter par le brouhaha d’approbation et applaudissements à l’égard du personnage en question.

Suite à la vague de louanges illégitimes à l’égard du Colonel Chaabani, il me semblait essentiel d’apporter un soupçon de vérité à cette histoire.

Avant de répondre aux accusations portées à mon encontre dans cette vidéo, il convient de rappeler brièvement les scènes que j’ai vécues, objet du témoignage incriminé. En Tant qu’ancien militaire dans les rangs de l’ex Wilaya 6 sous le commandement du Colonel Chaâbani, j’ai assisté à des pratiques cruelles défiant tant le bon sens que la morale et les lois humaines.

Il faut noter qu’en dehors de l’ALN (Armée de libération nationale), il y avait des maquis constitués d’anciens Messalistes du mouvement national algérien (MNA) et opérant sous le commandement de Chefs militaires dont Abdallah Selmi, Bachir Laghouati et bien d’autres.

Après l’indépendance, le colonel Chaâbani invita ces derniers à déposer les armes  en leur promettant sur le Coran que leur vie serait épargnée et qu’ils n’auraient rien à craindre.
L’effectif de ces troupes est d’environ 750 combattants selon certains, il dépasse le millier selon d’autres.

J’ai discuté avec bon nombre d’entre eux lors de la rencontre d’Ouled-Djellal, au lieudit « al-ghaba ».

Je peux témoigner que la plupart étaient des jeunes entre 18 et 25 ans, très engagés pour la cause et sincères, c’est-à-dire ils ne connaissaient rien de la trahison, et si trahison il y avait, elle serait plutôt de l’autre côté, celui du FLN. Pour eux, ils avaient rejoint les maquis pour faire le Jihad et libérer le pays.

Lors des rencontres de réconciliation, il a été convenu que ces troupes (du MNA) devaient soit continuer leurs carrières dans les rangs de l’ALN (Armée de libération nationale) pour ceux qui le désirent, soit déposer les armes auprès des régions et des secteurs de la Wilaya 6.

Mais, aussitôt les armes déposées, ces jeunes militaires et leurs chefs furent atrocement exécutés sans procès ni jugement suivant des ordres secrets donnés par le Colonel Chaâbani, et ainsi plusieurs massacres furent perpétrés dans les camps et les casernes de la Wilaya 6.

J’ai malheureusement assisté à des lynchages à l’occasion desquels j’ai eu des problèmes à cause de mon refus d’y participer. Il y a eu plusieurs centaines de morts.

Revenons maintenant à cette vidéo et aux propos fallacieux qu’elle propage à mon sujet.

Il serait intéressant de savoir qui se cache derrière cette cabale, cette inquisition improvisée et maladroite sur moi et mon passé.

Avant toute chose, je dois signaler que M. Rabah Osman n’est pas le mieux placé pour témoigner à mon sujet car je n’ai pas travaillé directement avec lui, je n’étais pas enrôlé dans le secteur 77 qu’il dirigeait. J’étais affecté au secteur 76 commandé par Ali Benbouzid et j’ai travaillé avec M.Sassi Atif lequel me connaissait mieux que tout autre. C’est pour cette raison que l’on trouve dans les propos de M. Rabah Osman des déclarations inexactes pour ne pas dire mensongères.

1─ Je ne me rappelle pas avoir demandé un quelconque papier ou témoignage à M. Rabah Osman pour la bonne et simple raison que, d’une part je n’ai pas milité avec lui avant l’indépendance et d’autre part j’avais déjà les documents prouvant ma participation à la lutte de libération nationale, bien que, encore une fois, je n’en ai pas besoin ; j’ai milité par devoir, pour la libération de mon pays et cela me suffit largement.
2─ la question de la falsification de l’attestation d’assurance de ma voiture se résume ainsi qu’il suit :

C’était en 1970, j’avais une voiture que j’avais confiée à un ami pour l’utiliser comme taxi. Il se trouve que le contrat d’assurance avait expiré sans qu’il s’en aperçoive. Pour renouveler l’assurance, il fallait aller à Biskra, une centaine de km d’Ouled-Djellal. En attendant de s’y rendre, il a cru devoir tripatouiller le papier d’assurance en prolongeant sa validité. Les gendarmes l’ont arrêté et puisque la carte grise était à mon nom c’était selon eux l’occasion idéale de capturer un ‘‘gros gibier’’. Que s’est-il passé ? Au lieu d’une amende, d’une procédure normale de présentation au parquet, ils se mirent à le torturer durant plusieurs jours, alors que la garde à vue était légalement limitée à 48 heures. Et ce pour lui soutirer sous la torture l’aveu mensonger selon lequel j’étais l’auteur de la falsification. Je suis allé lui rendre visite à la brigade de gendarmerie où je l’ai trouvé le visage ensanglanté et en larmes. A ce moment-là, j’ai perdu la raison. Quoi, lui dis-je ! Vous n’avez pas le droit de le battre ! On s’est disputé, injurié, les gendarmes m’ont finalement mis aux arrêts. Et une procédure s’ensuivit sous l’inculpation d’outrage à agents de la force publique. Conséquences : J’ai écopé un mois de prison malgré les interventions tout azimut.

3─ L’histoire de la mairie a besoin de clarification. D’après le témoignage, j’aurais travaillé dans une mairie (Section Administrative Spécialisée – SAS) jusqu’à l’indépendance, ensuite après avoir servi 3 ou 4 mois dans l’armée, j’aurais repris les activités dans la même mairie. C’est faux. D’une part, j’ai passé plus d’une année dans l’armée. D’autre part, je n’ai pas travaillé à la mairie jusqu’à l’indépendance. Aussi, faut-il préciser que la mairie n’est pas la SAS. Ceux qui travaillaient à la SAS étaient en principe des Harkis.

En fait, six mois avant l’indépendance, j’étais recherché et caché dans un endroit que seuls Dieu et mes parents connaissaient. En voici les raisons : le secrétaire général de la mairie de Doucen que je connaissais avait besoin d’une main d’œuvre temporaire pour la mise à jour des listes électorales ainsi que l’établissement de dossiers de transhumance.

A cet effet, je fus embauché comme secrétaire en juillet 1961 ; étant né le 8 Octobre 1942, je n’avais pas encore atteint les 19 ans. Cet emploi m’offrit l’occasion de délivrer des fausses cartes d’identité à des militants et Moussebelines recherchés qui leur ont permis de poursuivre leurs activités, entre autres, le ravitaillement des Moudjahidines au maquis. Un jour, j’ai appris que l’un d’eux fut arrêté et que je risquais d’être dénoncé. Ce qui m’obligea à prendre la fuite, environ trois mois après mon recrutement. Quelques jours après, les militaires ont lancé des recherches à mon encontre. Je ne connais pas la personne qui a été arrêtée mais parmi les militants et Moussebelines avec qui j’étais en contact, je peux citer Khelifa Elmehri, Bensalem Mohammed, Bensalem Djemoui, l’un des deux était surnommé « Elcopter », Kaddouri Bachir. J’avais établi les cartes d’identité par leur intermédiaire.

Mais après l’indépendance, après avoir quitté l’armée, j’avais occupé le poste de secrétaire général de la mairie d’Ouled-Rahma et non pas « la même mairie » comme dit la vidéo.

4─ L’histoire des enfants français, c’est vrai que j’en ai parlé à M. Rabah Osman dans le but de le sensibiliser à la mouvance islamique, à la bienfaisance, à l’éveil des peuples colonisés. Je croyais qu’il avait compris le but de l’opération, à savoir enseigner l’Islam, aider les opprimés, leur faire prendre conscience du colonialisme et ses méfaits. Mais dans la vidéo, il semble n’avoir rien compris, il en donne une mauvaise interprétation, adoptant la même position que le pouvoir algérien qui m’a sanctionné aveuglément sans essayer de comprendre l’approche pédagogique de cette initiative.

Concernant ces enfants, je ne souhaitais pas que cette histoire soit ébruitée, mais comme c’est le cas à présent, je vais tenter de la résumer s’agissant d’une longue histoire. Des français pour la plupart d’origine antillaise, martiniquaise et réunionnaise, avaient décidé, suite à leur conversion à l’islam de confier leurs enfants à l’association « Centre Abâad » que je présidais pour apprendre l’arabe et le Coran. Ils avaient ensuite décidé de les envoyer par mon intermédiaire en Algérie où leur formation pouvait se faire dans des meilleures conditions qu’en France.

Nous avions commencé à les envoyer par petits groupes, avec des documents à l’appui sur le consentement de leurs parents ; c’était en 1983-84, le premier groupe était composé de trois enfants, ils étaient hébergés chez moi à Ouled-Djellal avec ma mère et mes trois filles. En une année, ils ont appris l’arabe et une partie du Coran, mais l’opération ne dura pas longtemps malheureusement.

Un jour la police a débarqué chez moi et a enlevé les enfants. Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai décidé de rentrer immédiatement au pays, j’étais alors cueilli à l’aéroport d’Alger. Je ne vous dis pas ce que j’ai vécu comme galère ; traîné de police en police, de commissariat en commissariat entre Alger, Ouled-Djellal, Biskra, comme si j’avais commis un crime. Et à la fin on m’a retiré mon passeport que je n’ai pu récupérer que difficilement et longtemps après.

5─ M. Zireg Lakhdari, ancien agent de la police communale, a dit que j’avais construit ma maison avec le budget de la commune d’Ouled-Rahma. J’apporte un démenti catégorique à cette allégation. Il y a eu sur cette affaire des enquêtes qui se sont révélées infructueuses, rien n’a été retenu contre moi. Ce qui m’étonne, en revanche, est le fait que cette accusation provienne de quelqu’un pour qui j’avais beaucoup d’estime et que je considérais comme un ami intime. Il s’agit de Zireg Lakhdari, ancien agent de la police communale dans la même commune où j’ai exercé la fonction de secrétaire général. Malgré tout, je lui pardonne ainsi qu’à ceux qui m’ont injustement heurté dans cette affaire.

Ahmed Simozrag
11 mars 2012
Larbi Chérif, dit Si Chérif.
Celui ci à commandé pendant plus d'un an une unité de l' A.L.N. Lorsqu' en avril 1957 il rompt avec ses supérieurs et entraîne sa troupe dans la dissidence.Il écrit à un ami :
"J'ai vu ce qu'ils ont fait. J'ai vu qu'ils tuent des gens à tort, ils ont tué beaucoup d'hommes, de femmes et d'enfants.La France à fait 127 ans de service chez nous.Ils n'ont jamais fait de mal.
Je voudrais me rendre avec mes hommes.Maintenant nous voulons la paix."

En Mai il assassine Mellah Cherif, le chef du F.L.N de la Wilaya 6.
En juillet il se soumet au commandement Français auquel il rallie 150 hommes en armes. On l'intègre dans les forces de l'ordre avec son unité, qu'il est bientôt autorisé à développer.
En Octobre, c'est à la tète de 350 hommes qu'il combat au coté de la France.
Autopsie de la guerre d'Algérie, page 191.
  
Témoignage de Ali Hambli et les raisons de son ralliement
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Un versant de la guerre d'Algérie : la bataille des frontières (1956- 1962) Charles-Robert Ageron
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Complots et purges dans l'armée de libération algérienne (1958- 1961) Charles-Robert Ageron
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Opération «Oiseau bleu», 1956. Géostratégie et ethnopolitique en montagne kabyle.
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